La première moitié du livre nous emporte avec lui dans un roman d’aventures exotiques et scientifiques pour en exposer les motivations. Doug devient un héros presque sans l’avoir voulu. Mais il assume sa situation.
C’est aussi un roman d’amour peu banal puisque les amoureux (qui se marient au milieu du livre) ne seront en présence l’un de l’autre que rarement. Doug part avant que Frances et lui-même se soient déclaré leur flamme. Et peu de temps après le mariage, Doug est en prison pendant pratiquement toute la seconde partie du livre.
C’est seul qu’il subit les questions qui ne lui sont pas adressées mais qui scellent son sort. Soutenu par Frances et quelques amis, mais seul. Sans doute parce que sa quête l’exige : qu’est-ce qu’un être humain ? Où est la frontière entre l’animal et l’homme ? Vercors convoque scientifiques, hommes de loi, religieux, philosophes, patrons d’entreprise, politiques.
Et nous avançons au cœur de contradictions qui semblent insolubles, où le défenseur tient le discours de l’accusateur (et réciproquement), où le seul point d’accord sera que ce sont les humains qui se désignent eux-mêmes sous le nom d’humains, et qui accueillent ou non les espèces les plus proches dans leur groupe. Mais s’il faut définir l’espèce humaine, lui donner un cadre juridique international, c’est très compliqué. Au mieux, on arrivera à une sorte de compromis insatisfaisant.
Et après, il y aura encore et encore des questions. N’est-ce pas ce qui caractérise l’humanité ?
Texte d'Olympe de Gouges
lu au Mémorial de l'abolition de l'esclavage à Nantes