Cloud Atlas s’annonçait comme l’un des grands films de l’année 2013. Très curieux de voir ce film, je fus néanmoins un peu déçu en sortant de la salle A du MK2 Bibliothèque, en ce dimanche après-midi pluvieux.
Une superbe réalisation
La réalisation est très soignée. Présenter en un seul film une histoire se déroulant sur 6 époques différentes (1849, 1936, 1973. 2012, 2144 et 2321) en entremêlant les intrigues était un sacré défi. Et de ce point de vue, Cloud Atlas est une grande réussite. Non seulement les différentes histoires s’enchaînent très bien et de manière intelligente mais les différents genres relatives aux 6 histoires (policier, humour, science-fiction, drame psychologique) se mélangent bien également. Il faut saluer aussi les acteurs qui, tous grimés ou presque, réalisent de bonnes performances, notamment Tom Hanks, Jim Broadbent (qui a interprété Horace Slugghorn dans la saga Harry Potter) et Hugo Weaving (acteur chouchou des frères Wachowski), avec son visage toujours aussi inquiétant. Hugh Grant joue un second rôle et j’ai été très agréablement surpris de le voir dans un film autre qu’une comédie romantique.
L’ensemble est donc très soigné, agréable à voir, on est emporté par cette fresque composée d’histoires différentes mais reliées par le même fil conducteur.
Chaque histoire est plaisante, avec bon suspens. Celles se situant en 2144 et en 2321 sont particulièrement intéressantes. La première se situe à Néo-Séoul, ville futuriste où règne un ordre totalitaire et où des clones ont le rôle d’esclaves. Des rebelles cherchent à combattre le pouvoir et aidant une jeune femme, une clone, qui, malgré son conditionnement, s’est échappée du restaurant où elle travaillait et va découvrir que la réalité est bien différente de ce qu’elle croyait (toute ressemblance avec Matrix n’est pas une coïncidence ). L’histoire de 2321 voit la Terre ravagée, en ruines, après la Chute (probablement une guerre nucléaire), où les survivants sont retournés à l’âge de pierre. Mais les Prescients, un petit groupe d’humains qui vivent avec la technologie ultra-sophistiquée d’avant la Chute, viennent voir les survivants « sauvages » pour qu’ils les aident à les guider dans un endroit maudit mais qui pourrait tous les sauver…
La ville de Néo-Séoul
Sens du film
Mais, alors que je m’attendais à un dénouement épique, avec du souffle, les six histoires se résolvent simplement, presque de manière banale, sans surprises.
Et compte tenu de la forme du film et des six histoires, c’est vraiment dommage. J’ai pensé, lorsque le générique de fin défilait : « Tout ça pour ça ? ». Car au final, le film se contente de véhiculer un message universel au lieu de relier toutes les histoires par une seule et même « grande intrigue », dépassant les six histoires.
Quel est ce message ? Les personnages principaux luttent contre un ordre établi, un système répressif défendu par des personnages mauvais. Les forces du bien et du mal s’affrontent sans cesse, habitant différents corps dans différentes époques. Cela est illustré par des paraboles sur la réincarnation, sur le déterminisme, le destin… On peut débattre longtemps des symboliques et des images renvoyées par le film. Les multiples références et liens faits entre les six histoires sont très nombreuses, mais restent au final plutôt anecdotiques, sans signification déterminante pour l’intrigue.
Le titre du film fait référence à la deuxième histoire, celle qui se passe en 1936. Cloud Atlas est le titre d’un sextuor, c’est-à-dire une écriture musicale à six parties solistes, composée par le héros de l’histoire. Il faut donc voir le film comme un sextuor, une œuvre de six histoires indépendantes mais formant un ensemble cohérent. Et si la forme du film est plutôt très bien maîtrisée, il est dommage que l’histoire ne soit pas à la hauteur de ce sextuor.