En décembre dernier, l’UNSAF (organe représentatif des audioprothésistes en France) saluait l’effet positif de la campagne de lancement d’Afflelou pour sa nouvelle chaîne d’audioprothèse, qui en dédramatisant l’appareillage via une campagne comme toujours orientée sur la légèreté pouvait contribuer à rendre moins stigmatisant le recours aux prothèses auditives. Le syndicat s’interrogeait néanmoins sur la légalité de cette campagne, qui rappelons-le transposait dans le domaine de l’audition le célèbre système de la deuxième paire pour le prix d’une de l’optique. Ce qui nous donnait donc : une deuxième prothèse pour un euro de plus…
Deuxième paire gratuite : Pertinent ou démagogique ?
Les habitués du système de la deuxième paire pourront certes rester sceptiques : le choix des montures réservées à la deuxième paire, est tellement restreint et les modèles si inesthétiques (la plupart du temps – Chez Afflelou et les autres) qu’on peut s’interroger sur la pertinence d’une transposition du système à l’audition. On peut d’ailleurs aussi légitimement s’interroger sur les conséquences à long terme de ces deuxièmes paires gratuites, n’ont-elles pas contribué au final à l’explosion des tarifs de l’optique (on paierait au final la deuxième paire dans la première…) ainsi que des services divers que nos chers opticiens se font fort de nous vendre, et qui font littéralement exploser la facture des lunettes (différents traitements des verres pas toujours justifiés en particulier et surtout bien trop coûteux. ).
Le reproche d’entretenir la confusion
Ce que l’UNSAF reproche au final à la chaîne Afflelou, c’est de nier de facto dans cette campagne les spécificités de l’audioprothèse par rapport à l’optique, et donc de faciliter voire d’entretenir la confusion dans l’esprit du consommateur. L’UNSAF défendant en toute logique son pré carré rappelle ainsi qu’à la différences des lunettes, les prothèses auditives sont Elles considérées dans la nomenclature comme des dispositifs médicaux. Rappelant par ailleurs le rôle essentiel de l’audioprothésiste dans les réglages de l’appareil et le suivi régulier du patient. Histoire de bien différencier dans l’esprit du patient (la tâche sera difficile à n’en pas douter…) la possible différence entre un Afflelou qui s’improvise Acousticien et les chaînes historiques….
Accusation de vente à perte
Tchin Tchin Audio d’après l’UNSAF en plus de poser des problèmes de confusion dans l’esprit du consommateur, enfreindrait en fait le principe de l’interdiction de la vente à perte, le syndicat s’interroge par ailleurs toujours sur la notion de service évoquée plus haut : Les patients pourront-ils bénéficier d’un service comparable à celui proposé par un audioprothésiste avec des prix aussi bas ? Soupçonnant vraisemblablement Afflelou de vouloir proposer en sus du service payant, l’UNSAF reproche donc à la célèbre chaîne de magasin de faire des aides auditives, un banal produit de consommation… Notamment en communiquant sur le principe du discount. Autre question posée, celle de savoir comment évoluera la qualité de service et les prix à l’issue de cette première période de dumping destinée manifestement à frapper les esprits, pour gonfler les ventes et l’image d’une marque qui tente de s’imposer dans l’esprit des gens comme un acteur légitime de l’audioprothèse, l’offre d’Afflelou est annoncée en effet comme se terminant en juin 2013… Du moins jusqu’à nouvel ordre.
Conclusion
Rappelant les dernière déclaration de Mme Touraine à propos de la nécessité de réguler les tarifs dans le secteur de l’optique du fait de la trop grande concentration du secteur, et rappelant par ailleurs les engagement de ces membres en faveur de négociations visant à maintenir des restes à charges bas pour les patients (après remboursements de l’Assurance maladie et des complémentaires santé) ; l’UNSAF nous remet perfidement en mémoire les déclarations d’Alain Afflelou en 2009 à l’occasion du salon de l’optique. Alain Afflelou, y déclarait notamment selon l’UNSAF « Moi je crois que c’est très dangereux d’être opticien et audioprothésiste ; on est l’un ou l’autre ». La séparation des activités d’optique et d’audioprothèse évoquée par le patron d’Afflelou peut bien entendu être interprétée comme entrant dans une telle logique, même si ce n’est manifestement pas ce qu’on entendu les adhérents de l’UNSAF dans la déclaration…