Believe the hype

Publié le 21 mars 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

Devendra Banhart - Mala

Devendra Banhart est un cas intéressant. Egérie de la vague Hipster (j'ai la barbe, des chemises à carreaux et je mange des sushis en écoutant Fleet foxes, pour la faire courte), le bonhomme semble ne pas vouloir être réduit à cette caricature. Si l'on a pu, sincèrement, lui reprocher d'exploiter des formules lo-fi folk très tendances, mâtinées de Ravi Shankar, Beatles période hippie ou simplement de psyché-pop version 70's, il faut reconnaître que le garçon a montré une belle résistance pour ne pas se faire enfermer dans ces catégories. 

J'avais personnellement adoré son Cripple Crow foutraque, référencé et si sensuel. J'y avais bien senti le fumet suspect de la récup', Oui bien sûr tout cela n'était pas original, mais comme jamais cet album avait fini par me faire oublier la liste de ses multiples influences pour en apprécier la somme. L'érotisme de son vibrato, la richesse de la proposition, entre feulements latinos et roucoulements mélancoliques.

Ce mois-ci sort Mala, nouvelle proposition du garçon. Ceux qui ne connaissent pas pourront commencer par là. Et puis ensuite, remonter le temps pour découvrir un artiste qui hésite entre gravité sonique et légèreté mélancolique. Mala est une excellente expérience de l'art Devendra, cette fois-ci peut-être moins maniéré, affecté. Au fil des albums, il atteint de mieux en mieux ce dépouillement dans les compositions et les arrangements, ce radicalisme qui le conduit intelligemment ici, less is more, à brider ses tardives envies de grandiloquence pour retrouver l'épure, tout en conservant ce qui fait le charme de sa musique depuis des années : la nonchalance de ses tangos déglingués, de ses cariocas malades, de ses comptines sensuelles et bricolées.

Et puis de belles surprises, d'autres voies d'expérimentation, comme sur ce Fine petting duck aux sonorités électro, preuve que le gars Banhart en a encore sous la pédale, comme on dit dans le milieu (non, ne cherchez pas, aucun jeu de mots). Et qu'il n'est toujours pas prêt à se laisser étiqueter l'emballage par des créateurs de tendances printemps / été.  Raison de plus de faire de Mala la bande son privilégiée de notre collection estivale et intime.  

Fine petting duck :

Mi negrita :

Le clip de Carmensita sur l'album Smokey rolls down thunder canyon (2007)


Et pour ceux qui ne connaitraient pas le dandy chevelu :