Paris, le 14 avril 2008. Suite à l’action de Greenpeace au large de Caen sur le Galina III qui transportait du bois illégal, les autorités brésiliennes ont annoncé la confiscation dans le port amazonien de Santarem d’une nouvelle cargaison de bois à destination de l’Europe.
Depuis le 27 mars, l’IBAMA, l’agence environnementale fédérale brésilienne chargée de la surveillance de la forêt amazonienne, bloque à quai le BSLE Express dont la cargaison a pourtant reçu l’aval à l’exportation des douanes brésiliennes. Une inspection a démontré que le navire s’apprêtait à quitter le Brésil pour l’Europe avec à son bord une cargaison de bois ne correspondant pas à la description figurant sur les documents d’exportation. Parmi les acheteurs de ce bois illégal figurent plusieurs importateurs européens, dont les Etablissements Peltier, entreprise française déjà impliquée dans la cargaison douteuse du Galina III.
L’inspection de l’IBAMA, qui a visé le port de Santarem, lieu de chargement du Galina III, est une réponse directe à l’action de Greenpeace ; malheureusement les inspections portant sur les documents d’exportation des navires restent très exceptionnelles. 732 m3 de bois chargés sur le BSLE Express ont été saisis. Les exploitants forestiers impliqués ont d’ores et déjà été condamnés par les autorités brésiliennes à des amendes pour fraude d’un montant total de plus de 108 000 euros.
« Le commerce de bois illégal est très répandu au Brésil. Pour les contrevenants, obtenir frauduleusement des documents masquant l’origine du bois est l’un des nombreux moyens permettant de donner à une cargaison les apparences de la légalité, explique Marcelo Marquesini, chargé de campagne Forêt à Greenpeace Brésil. Cette inspection - la première en deux ans- est donc une bonne nouvelle. Cependant, les autorités brésiliennes ne doivent pas s’arrêter là. Elles doivent retracer la filière d’acheminement de ce bois depuis la coupe jusqu’au port de Santarem afin d’établir l’existence d’éventuelles opérations illégales qui auraient pu avoir lieu au cours de ce processus. »
« La fraude découverte par l’IBAMA constitue une preuve supplémentaire qu’une cargaison de bois tropical arrivant en Europe parée de documents d’exportation en ordre ne constitue pas une garantie suffisante de légalité, ajoute Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêt à Greenpeace France. Il est de la responsabilité des importateurs français de s’assurer de la chaîne complète de traçabilité et de cesser d’acheter du bois extrait par des compagnies notoirement impliquées dans ces pratiques frauduleuses ».
Au Brésil, 60 à 80 % du bois exporté est entaché d’illégalité, et la France est le premier importateur de bois brésilien en Europe.
Le blocage durant 24 heures du Galina III le 17 mars dernier par les activistes de Greenpeace avait poussé Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, à s’engager à défendre une réglementation européenne contre le commerce de bois illégal et non durable lors de la présidence française de l’union européenne qui débutera le 1er juillet 2008.
La fraude découverte par les autorités brésiliennes illustre encore une fois la nécessité d’une législation européenne qui impose à l’ensemble de la filière, de l’importateur au distributeur, de prouver la légalité du bois tout au long de la chaîne de traçabilité. Une telle réglementation constitue en effet le seul moyen pour les consommateurs européens de cesser de contribuer à la déforestation massive et illégale des forêts tropicales.
« Puisque les autorités brésiliennes manquent de ressources pour procéder à des inspections régulières, c’est à l’Union européenne de s’assurer que du bois illégal ne rentre pas sur son territoire, poursuit Judy Rodrigues, chargé de campagne Forêts à Greenpeace International. Elle doit utiliser sa puissance économique et adopter une réglementation sévère pour éviter que ne se retrouve sur ses marchés du bois illégal issu d’une gestion non durable des forêts tropicales. »