Produit ou Saveur de l’année, quelle différence ?

Par Legouteurdesupermarche @Le_gouteur

Zoom sur : les Produits et Saveurs de l’année

J’inaugure une nouvelle catégorie sur ce blog, qui n’a rien de très originale : la rubrique Actualités. Mais celle-ci me permettra de traiter de certains sujets, toujours en rapport avec les produits de supermarché, mais qui n’ont rien à voir avec mes tests. Ainsi, j’aimerais lancer cette catégorie avec une question que je me suis souvent posée : Produit ou Saveur de l’année, quelle est la différence ?

Les plages de publicité regorgent de ces pubs qui vantent tel ou tel produit en mettant en avant le « élu produit de l’année » ou « saveur de l’année », et semblant garantir une qualité supérieure à la moyenne. Meilleur goût, meilleur packaging, meilleure innovation ou meilleurs ingrédients : ce qui se cache derrière ces macarons rouges et accrocheurs, le savons-nous très bien ?

Saveur de l’année ou Produit de l’année, comment sont-ils élus ?

Les palmarès des produits « Saveurs de l’année » ou « Produit de l’année » sont tombés. Pour connaître les conditions d’attribution, il nous faut nous rendre sur leurs sites respectifs et lire attentivement les règlements.

« Saveurs de l’année »

Créé en 1997 par l’institut Monadia (qui propose aussi les victoires de la beauté, ou encore les trophées de la maison), ce macaron Saveur de l’année est décerné aux produits qui obtiennent une note supérieure au seuil qualificatif requis, qui est de 13/20, selon des critères d’évaluation basés sur leurs qualités exclusivement gustatives (impression générale, goût, texture, odeur et aspect). De fait, il peut y avoir en raison de cette simple note à atteindre, plusieurs produits similaires primés la même année.

Ainsi avons-nous en 2013, deux camemberts (Président et Cœur de Lion) ou encore trois huiles d’olive.

Des consommateurs, 120 minimum par produit établissent ce palmarès dans des laboratoires spécialisés partenaires, selon une évaluation dite « sensorielle », lors de séances de dégustation en cabine individuelle s’approchant au plus près d’une structure normale de repas.

« L’analyse sensorielle est un ensemble de méthodes permettant de mesurer les perceptions sensorielles (vue, ouïe, goût, toucher).

Contrairement à des labels (Label Rouge, AOC, etc) qui garantissent une norme, les « produits » et « saveurs » de l’année ne garantissent rien d’autre que l’originalité ou le goût. De même, on pourrait s’imaginer qu’ils soient issus d’une sélection à l’aveugle, meilleur entre les meilleurs, alors qu’en réalité, ils sont tous issus de candidatures payantes.

« Produits de l’année »

Les « Produits de l’année » (ou  « Grand Prix Marketing Innovation » créé en 1987 par Christian le Bret) sont, eux,  élus en deux étapes.


Tout d’abord un jury de présélection composé de professionnels de la distribution, de l’énergie ou de la communication, valide les dossiers de candidature parmi ceux qu’ils ont reçus. Puis, un panel « représentatif de la population française âgé de 15 ans et plus » vote pour déterminer le palmarès selon des critères qui sont : l’innovation, l’attractivité, la satisfaction.

Nous avons donc là deux modes d’élection basés sur des critères complètement différents, l’un anonyme, l’autre non, l’un prenant en compte le goût, l’autre essentiellement l’innovation, l’un ne s’attachant pas à la date de lancement du produit, l’autre au contraire exigeant de la nouveauté.

Saveur de l’année ou Produit de l’année, combien ça coûte ?

Par contre, et cela est moins mis en avant par les organisateurs comme par les lauréats de ces compétitions, les deux fonctionnent sur la base de candidatures et d’une tarification élevée pour les deux.

16 800 euros HT (!) par produit lauréat pour les « Produit de l’année », qu’il y ait ou non utilisation du macaron sur le produit. En revanche, aucune mention d’un coût sur le site des « Saveurs de l’année » ne permettant d’évaluer le budget nécessaire.

Saveur ou Produit de l’année, du marketing avant tout

Sitôt le palmarès connu, tous les lauréats bien évidemment vont mettre en avant le logo obtenu et surfer sur ce succès pour espérer augmenter leurs ventes en oubliant souvent de préciser que s’ils l’ont obtenu, c’est d’abord qu’ils s’y sont présentés et ensuite qu’ils ont payé pour cela.

Charcuterie, sodas, riz, fromages, ou pâtes, marques connues comme celles qui le sont moins : tous sans exception espèrent voir leurs ventes augmenter grâce à ce petit macaron vermillon qu’ils s’empressent d’exposer.

Car le logo rouge fait vendre, indiscutablement, même si les consommateurs ne savent pas toujours ce qu’il est supposé garantir. Même si le taux de notoriété est de 95% pour le logo « Produit de l’année » par exemple, et de 83% pour l’institution des « Saveurs de l’année », combien sont ceux qui savent que le principal critère d’évaluation des « Produits de l’année » est avant tout l’innovation, plus que la qualité ou le goût, ou que ceux des « Saveurs de l’année » ne tiennent pas compte de la qualité des ingrédients ou de leur provenance ?

Ainsi les Saveurs ou Produits de l’année n’exigent rien en matière de recette, de caractéristiques des matières premières ou de méthodes de fabrication ; un peu comme les médailles du Concours Agricole décernées lors du salon de l’agriculture qui sont attribuées sur des caractéristiques sensorielles et qualité gustative, mais par des professionnels de la filière cette fois. Il arrive même parfois que le macaron qui distingue un produit puisse être attribué sur des productions antérieures, ce qui ne garantit en rien la même qualité.

Deux macarons très similaires visuellement, bien que basés sur des critères totalement différents, mais qui tous deux mettent en avant des produits qui ont payé pour les obtenir, sans que cela ne soit très transparent. Ceci par des personnes payées pour le faire, selon des critères qui ne tiennent pas compte de la provenance ou plus encore, de la qualité des ingrédients, ce qui importe pourtant beaucoup à un moment où le lien de confiance est quelque peu rompu entre les consommateurs et les producteurs ou les distributeurs.

Il serait donc intéressant d’ajouter aux critères de sélection, celui de l’éthique des produits sélectionnés, que ce soient par les ingrédients qui les composent, ou par la manière dont ils arrivent dans nos maisons…