Rythmes naturels

Publié le 21 mars 2013 par Richard Le Menn

Photographie 1 : Gravure provenant des Oeuvres complètes de Gessner (Paris, Cazin, 1780), dessinée par Clément Pierre Marillier (1740 - 1808), gravée par Emmanuel de Ghendt (1738 - 1815), in-16 (11,6 x 6,5 cm), et ayant pour texte : « O mon bien aimé comme tes chants élèvent mon Âme vers Dieu ! »

La nature offre des richesses immenses, notamment dans ce qu'on appelle ses plantes sauvages. On ne peut aborder ce jardin fabuleux que sur toute une année. Il se regarde comme un tableau qui s'étale sur quatre saisons. Je ne vais donc pas écrire un seul article sur le sujet, mais douze : un pour chaque mois. Pourquoi le faire dans ce blog ? Car il est consacré aux rythmes de l'élégance ; et que ceux de la nature en font partie. De plus ceux qui le suivent connaissent mon site, savent mon amour de la terre et son expression à travers les pastorales, genre poétique particulièrement ancien et très à la mode jusqu'au XIXe siècle.

Une herbe qui semble insignifiante à une certaine période, donne à une autre une fleur majestueuse. Il en va ainsi de chacune des parcelles de terre où poussent les espèces sauvages. Dans un simple espace de 1 m2 constitué d'herbes folles on peut découvrir un petit potager ou/et un petit jardin de plantes médicinales (les simples). Toutes les plantes sauvages ont des pouvoirs spécifiques qu'il faut simplement connaître pour les apprécier. Ce jardin naturel est immense. Chacune de ses parties est belle à certaines époques. Et comme cela s'étale sur une année et que chaque plante a son moment culminant différent des autres, cette richesse incroyable ne se voit pas obligatoirement pour celui qui n'a pas les connaissances. Ce que je propose dans les douze prochains articles sur ce sujet c'est de parcourir ce jardin dans des endroits de la nature d'Île-de-France en décrivant quelques-unes des vertus de plusieurs de ces plantes. Mes connaissances dans ce domaine restent très limitées et ne concernent presque que la forêt du nord de Paris.

Photographies 2 & 3 : Deux petites gravures (8 x 13,5 cm) provenant du tome II des Œuvres de M. Léonard (quatrième édition, Paris, Prault, 1787). Cette partie des écrits de Nicolas Germain Léonard (1744 - 1793) contient entre autres une poésie intitulée Le Temple de Gnide et un roman pastoral. La première gravure présente une bergère et un berger près d’un petit temple (sans doute dédié à Aphrodite la déesse de l'Amour) dans la nature derrière lequel des jeunes filles danses et folâtrent. La seconde illustre le passage d'Alexis, Roman pastoral, « page 127 » avec por texte : « Cette Coupe que tu vois est bien belle !... ». Ces deux estampes sont les premières que j'ai achetées.

De tous temps, les plantes ont joué un rôle important dans la vie des hommes. L’Antiquité leur donne des noms de dieux. Sur les sculptures, peintures murales et autres images antiques, la corne d’abondance est souvent portée par des divinités fluviales, maritimes ou terrestres. L’importance donnée aux plantes se retrouve sur des murs des cités englouties par le Vésuve, sur des enluminures médiévales et des tapisseries, comme celles de la “ Dame à la Licorne ”. Durant l’Antiquité on aime à se couronner de fleurs lors de certaines fêtes et cérémonies. On continue de beaucoup le faire au XVIIIe siècle. Jusqu'au début du XXe, porter sur soi une ou des fleurs vraies, fines et jolies est une preuve de goût et de fraîcheur d'accoutrement. L'homme élégant porte une fleur à sa boutonnière. Le femmes distinguées en ont partout des fraîches ou des fausses. Au XVIIIe siècle il y en a sur le chapeau, dans les cheveux, du haut jusqu'au bas des habits ...

Photographie 4 : Vignette d'époque XVIIIe siècle, de 12,7 x 16 cm, intitulée « Le Printemps », avec pour légende : « Cet heureux temps n'est plus que l'Amour plein de charmes / Pour les tendres Mortels produisait tant de fleurs ; / Le Perfide aujourd'hui n'engendre que des pleurs ; / Sous l'aile des plaisirs il cache des alarmes. » « A Paris chez Selis rue St. Dominique ».

Les fleurs ont leur langage médicinal, philosophique, culinaire, magique, amoureux... Aujourd’hui encore le choix des bouquets offerts, les couleurs, le nombre peut revêtir une signification particulière. Il existe des expressions où elles jouent un rôle. Parler de la guimauve peut faire sourire, comme de 'fleurs bleues'. Certaines plantes ont une symbolique particulière tel le lotus en Orient ou la rose au Proche Orient et en Occident.

Mais il n'est question dans ces douze articles que de plantes sauvages dont l’homme peut se servir pour le plaisir de ses sens et de sa santé. Si les plantes sauvages ont de multiples usages je me bornerai d'essayer de survoler leurs usages esthétique, et comme plantes de bien-être et culinaire. Personnellement je suis devenu végétarien lorsque je me suis aperçu qu'on peut trouver toutes les protéines nécessaires dans les plantes sauvages qui sont disponibles gratuitement à tous et offrent des goûts qui peuvent sembler absolument exotiques pour des papilles habituées à la nourriture 'contemporaine'.

Opéra
Pietri : Maristella
« Io conosco un giardino … »
Io conosco un giardino Je connais un jardin
A tutti sconosciuto, inconnu de tous,
Un nido di velluto un nid de velours
Sotto il cielo turchino sous un ciel turquin.
L’estate, il verno, in fior En été comme en hiver,
Vi odorano i giaggioli, les iris en fleurs l’embaument
Vi cantan gli usignoli et les rossignols y chantent
La notte in amor. la nuit, leurs chants d’amour.
Deh, vieni vien Ah, viens, viens
Qui sul mio cuor, près de mon cœur,
Io ti porto a quel nido Je te porterai dans ce nid,
E t’offro un bel cuscino Je t’offrirai un beau coussin
Di piumarelle d’oro, fait de plumes d’or.
E di baci t’infiori la bocca, Je couvrirai tes lèvres de baisers
E t’offro un gran forzier et je t’offrirai un grand coffre
Di sogni iridescenti, empli de songes iridescents
Di stelle giù cadenti et d’étoiles tombées
Dalle supreme sfere. de la voûte suprême.
Mia tenerezza, vien, Ma bien-aimée, viens,
Deh, vien ! deh, vien ! oh, viens, viens !

© Article et photographies LM