Combien de fois n’avons-nous pas entendu, de la bouche des politiques de droite comme de gauche, que s’ils perdaient la confiance de leurs électeurs, ce n’était pas à cause de leurs actes, mais parce qu’ils n’avaient pas fait la bonne communication autour.
Faut-il que l’accession au pouvoir soit en elle-même aussi dérangeante, jalouse, exclusive de tout autre perception, qu’elle prive l’élu le plus doué de tout bon sens, de toute capacité à voir la réalité ? Car c’est de cela qu’il s’agit : accéder au pouvoir, battre l’autre, l’adversaire, celui qui n’a pas été nourri des mêmes idées, n’a pas été élevé dans les mêmes traditions, n’a pas épousé les mêmes querelles, n'est pas de votre bord.
Tout réside dans cette bataille : qu’importent les promesses fantastiques ou évasives, les chiffres et les faits. On verra ce que l’on fera une fois dans la place, et on fera tout ce qu’il faut pour y rester le plus longtemps possible, avec ses alliés, ses soutiens, ses copains, quitte à se renier, à éluder, à renvoyer à plus tard les changements que l’on a dû promettre pour séduire telle ou telle frange de l’opinion et la faire basculer.
Et c’est là qu’entrent en scène les spécialistes en communication : et si ça ne marche pas, on en changera.
Autrefois, les entreprises faisaient de "la réclame" pour un produit qu’elles désiraient faire connaître puis acheter. L’argumentation reposait surtout sur les avantages techniques. Ensuite, on s’est focalisé sur les avantages qu’il pouvait apporter à tel ou tel segment de clientèle. On a commencé à analyser les façons de vivre, les intérêts, les manières d’appréhender la vie des consommateurs. Il faut regarder la série américaine MAD MEN, c’est un modèle du genre….
Il était rare de voir sur les murs ou dans les pages de magazines des publicités uniquement destinées à promouvoir une marque, une institution, une idée : ce que l’on appelle aujourd’hui la publicité institutionnelle. Elle est omniprésente aujourd’hui. Je ne me lasse pas de reagarder au cinéma en ce moment, par exemple, une publicité vantant les mérites de la Région Ile-de-France … A quoi cela peut-il servir ? Qui paye qui ?
Car, vers les années 70, tout a basculé. Avec l’explosion des médias – la télévision – les services de publicité des entreprises se sont auto-promus au rang de Directions de la Communication. Une fin en soi primordiale pour toute entité économique ou politique : maîtriser sa communication, à n’importe quel prix, même et surtout au prix du mensonge.
Même dans des civilisations où le mensonge est la pire des trahisons, comme aux Etats-Unis car ce n’est pas le cas en France, des hommes et des femmes à l’intelligence supérieure, qui commettent des erreurs soit parce qu’ils sont confrontés à un trop fort stress, soit parce qu’ils ont été mal conseillés, soit parce qu’ils ont parié sur le mauvais cheval, commencent par mentir droit dans les yeux du public lorsqu’on les confronte à la réalité. Pourquoi ce déni ? Pour gagner du temps ? Mettre au point une stratégie de substitution et trouver une échappatoire ?
J’en reviens à l’action politique. Combien de projets fumeux, sensés résoudre tous les problèmes fondamentaux de notre pays – du CPE à la taxation à 75% des plus hauts revenus - se sont-ils fracassés devant le mur de la réalité économique : depuis plus de trente ans, nos politiques nous racontent des « craques ». Et ils ont raison puisque de plus en plus de gogos les croient et votent pour eux !
Aucun n’a le courage, une fois élu, de déclarer « OK, les gars, vous m’avez élu sur un programme, mais on va le mettre de côté parce qu’il y a plus urgent à faire tout de suite : tailler dans les dépenses inutiles, renoncer à certains conforts, faire la chasse aux subventions dont jouissent certaines professions aux dépens de la communauté des salariés, bouleverser les services d’aide à la recherche d’emploi – tiens, pourquoi ne pas les privatiser ? - raboter certaines clauses d’accords collectifs devenues exorbitantes de la loi commune, mettre certaines allocations sous conditions de ressources … »
Ce serait une communication catastrophique, n’est-ce pas ? Suicidaire à tout le moins. Et pourtant, c’est la seule qui vaille dans l’état où nous sommes. Mais ce n’est pas à cause de l’action (ou de l’inaction) des politiques que les citoyens sont furieux, déçus, aigris …. C’est parce que nos gouvernants n’ont pas su faire la bonne communication. C’est bien connu !
Je vous félicite pour ce billet et cette presque conclusion. Nous n'attendons pas de nos gouvernants de la communication mais de l'action ! Il est temps de se retrousser les manches car quand j'entends des jeunes autour de moi dire "qu'il cherche un job alimentaire" non pas pour faire une carrière ou se construire une vie, un avenir comme autrefois, mais pour simplement pouvoir assumer leur maigre quotidien, je rugis !
Oui, il faut savoir casser son image. Ce n'est pas facile, pas évident mais au bout du compte, c'est toujours la meilleure solution !
Bonne journée à vous en espérant que votre sinusite va mieux.
bravo votre message est très bien et très réaliste
les citoyens veulent la vérité gauche droite la crise est là et les discours doivent changer en se retroussant les manches tous ensembles sans crier sur les riches sans accuser les pauvres de profiter on doit y arriver!
merci Marie Pierre sur cet échange instructif