La Maison

Publié le 21 mars 2013 par Zeliazoe @petites_grandes

Ah qu’il était doux ce rêve. Découvert un samedi pluvieux, comme un jardin secret au fond d’une forêt perdue. Quelques marches à grimper, la clé dans la porte blanche, et nous y étions.

Cette odeur d’abord, comme un souvenir olfactif qui me rappelle des mains dans la glaise, des après midi à trainer pieds nus dans l’herbe au milieu des arbres fruitiers puis rentrer à pied chez soi. C’est tellement rare de s’identifier aussi vite à un lieu qu’on n’a jamais vu. Comme si on le connaissait déjà, comme ces chaussures qu’on enfile pour la première fois et qui nous vont parfaitement  » on dirait qu’elles ont été faites pour toi ».

Cette maison, c était ça. Cette première pièce sombre, mal fichue. Ce grand escalier plein de promesses mais aussi de chutes déjà anticipées.

Toutes les pièces, en enfilades, comme des promesses, comme un chemin que l’on suit, il n’y avait qu’à suivre les pépites semées. Le salon, puis la cuisine qui fait déjà briller les yeux de la femme d’intérieur que je suis. Et puis comme en apothéose, en pensant que tout cela était déjà très bien, les yeux brillent de découvrir ce paradis intérieur extérieur pour profiter de la pluie qui claque contre la vitre, des couchers de soleil tardifs. Je me voyais déjà travailler là, dans cette bulle vitrée.

Dehors, c est le vert qui l’emporte, ce jardin unique, cette dernière pépite que l’on nous offre. Un jardin, en banlieue parisienne, comme un goût de paradis perdu, inédit, précieux. J’aurais voulu l’emmener avec moi, dans ma poche, dans un petit porte monnaie. On zippe et c’est à nous pour la vie.

On revient à l’intérieur, pour profiter encore une fois du bruit de la pluie, clac clac clac. C’est tellement doux à nos oreilles, à mes oreilles. Ça me rappelle l’Auvergne, cette chambre au dernier étage, ce lit comme une cabine de bateau, et la nature juste derrière le velux.

On grimpe l’escalier, et là, alors qu’on était déjà dans la projection, c’est le futur qui s’offre à nous. Je vois des enfants qui courent, des portes qui claquent aussi ( eh! c’est ça la vie), des petites pièces mais avec tellement de lumière qu’on leur pardonne tout. On aurait pu s’y installer, directement, dans cette chambre parentale. Poser nos valises, ici et là, et rester allongés ici à regarder le ciel et le jardin en même temps.

Ah, je m’y voyais déjà. Le petit dernier lovée contre la poitrine, le grand et les chats dans le jardin, les rires, les amis, les soirées tardives,la vie dans notre bulle..Tout ce bonheur en barre, ce rêve certes domestique mais qui me correspond.

C’est peut être parce qu’il y avait tant d’amour dans cette maison que l’on a ressenti aussi rapidement l’envie de là saisir, de s’en emparer pour l’avoir aussi ce bonheur. Faire pousser encore plus celui qui nous habite aujourd’hui.

Mais voilà, les rêves sont faits pour calmer les frayeurs, pas pour être vécus. Alors, ce rêve là je l’emporte avec moi. Et quand il sera venu le temps de trouver une maison, je sais qu’il me sera très difficile de trouver meilleur nid que La Maison. J’espère que les futurs propriétaires seront à sa hauteur.