Avant d'entrer dans le vif du sujet, une petite mise en bouche avec le clip de sa chanson "Venez danser" :
Ecouter la réponse de Stephan Eicher dans Calypso, sur CINN FM
Stephan Eicher - Vous savez, j'ai commencé tout seul parce que je ne trouvais pas de musiciens. J'ai grandi en Suisse et la Suisse n'est pas un pays vraiment connu pour une scène musicale très vivante. On n'a presque pas de club où on peut jouer. Si vous cherchez un batteur, c'est vraiment dur ! Comme je voulais faire des tournées et me consacrer à ça, j'ai profité du fait qu'on ait inventé les boîtes à rythme et les séquenceurs. J'ai trouvé une façon de travailler avec ces machines et cela m'a donné la possibilité de faire ma musique. Quelques années plus tard, ça m'a ennuyé. J'ai eu envie de vrais musiciens ! J'ai commencé avec un disque qui s'appelait "My Place", sur lequel j'avais invité un quatuor à cordes classique. L'expérience m'a vraiment plu et maintenant, je suis comme le chanteur d'un groupe heavy metal.
Non, j'y suis passé plusieurs fois la nuit dans le bus, en tournée. Si vous partez de Toulouse à Montpellier, c'est à gauche, et tout à coup, la cité apparaît comme un mirage, un mix entre une ville arabe et Disneyland. Ca m'a toujours fasciné ! Un jour, j'y donnais un concert et je me suis retrouvé dans un hôtel vraiment charmant, de style médiéval. Des gens adorables ! J'ai voulu écrire quelques chansons dans ce cadre et finalement, j'en suis sorti avec tout un disque... Là-bas, j'ai rencontré des gens qui jouent cette musique médiévale : des troubadours avec les vielles à roue, les ouds, tout ça. Du coup, j'ai invité l'un d'entre eux à faire la tournée avec moi, avec sa vielle à roue... Avec ces bruits qui font parfois peur (rires). Ca se mélange vraiment bien avec des guitares et tout ça; ça me plaît beaucoup !
Le clip de la chanson "Combien de temps", extrait de l'album "Silence" en 1987 :
Non, je n'ai pas beaucoup de sang gitan, moi. C'est du côté de mon père, mon grand-père en fait. Mais même lui a voyagé tout seul, et pas avec sa famille. Je sens ça quand même dans le sens que ça ne me gêne pas du tout de voyager tout le temps. Etre chaque jour dans une autre ville, ça me plaît ! C'est ma vie depuis huit ans et j'aime encore ça.
Titus - Un citoyen du monde, en quelque sorte ?
Oui. Je suis un gitan universel maintenant !
J'aime bien raisonner par trois. J'aime les trilogies. Il n'est donc pas impossible que j'y ajoute une troisième ville, en effet. Mais je n'en sais trop rien encore. Peut-être qu'on y verra plein de villes. Un disque live par exemple ! On pourrait l'appeler Montréal-Berne-Paris-Genève-Berlin-Bruxelles-Québec... Ca serait peut-être un peu long, non ?
C'était une blague. J'ai enregistré un album dans une vieille salle de bal, un autre dans un vieil hôtel, et chaque fois, les techniciens me disent que ça va être difficile. Ce qui serait vraiment difficile, ça serait d'en faire un dans un train... Ou dans un bateau...
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Un musicien devient créatif et spontané quand il a autour de lui un environnement qui l'inspire. Et je ne suis pas sûr que les studios d'enregistrement soient très propices à l'inspiration. Un train, ça serait vraiment inspirant...
Titus - Surtout un train en mouvement !
Voilà... Dinguedoum, dinguedoum, dinguedoum... Le rythme est déjà fait, hein... Tout le disque va être dans un tempo !
Je crois que c'est eux qui me donnent la possibilité d'être moi-même ! Dans un hôtel, il y a des femmes de chambre, des cuisiniers, des gens à la réception, des gardiens de nuit. Ils étaient tous aussi importants à mes yeux. Je trouvais ça normal qu'ils se retrouvent sur le disque avec leurs noms ! C'était la moindre des choses ! D'ailleurs même les oiseaux ont été remerciés dans le livret.
Je n'ai pas de message comme on peut attendre de quelqu'un qui fait mon métier. Un message, d'un point de vue étymologique, c'est le travail des anges, non ? Et je ne suis pas un ange, ça c'est sûr... Livrer des messages, c'est pas mon truc !
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Le clip de la chanson "Ni remords ni regrets" :
Titus - Au début de votre carrière, vous écriviez déjà des chansons en français... Je me souviens des "Chansons bleues" notamment...
Mais c'était très limité... Je suis peut-être quelqu'un de très égocentrique, mais j'ai aussi un peu de goût (rires), et lorsque je regarde mes chansons en français et celles écrites par Philippe, je dois dire que les siennes sont nettement meilleures. Sans jalousie aucune. C'est pour ça d'ailleurs que j'ai arrêté d'en écrire en français.
Oui, mais c'est une vue totalement différente. Philippe part toujours dans le réel. Dans "Déjeuner en paix", on voit tout de suite la cuisine et le couple qui est en train de prendre son petit café... Chez moi, c'est plus à la manière du peintre. Je dessine des ambiances; je ne travaille pas dans le réel mais plutôt dans les atmosphères. Ca peut être intéressant, il me semble, de combiner ces deux approches sur un même disque.
(*) : sur le dernier album de Stephan Eicher, "Eldorado", les chansons en allemand sont signées Martin Suter, auteur suisse allemand qui a notamment publié le superbe "Lila, Lila". (note de Titus)
Titus - Vous évoquez le dessin : je crois que c'est justement une autre corde à votre arc. Si je ne m'abuse, une exposition de vos travaux est d'ailleurs programmée cet été à Québec...
Je dessine toutes sortes de choses... L'expo en question sera basée sur mes impressions du Québec. J'ai toujours un petit cahier sur moi et j'y dessine des motels, des chambres d'hôtel, des piscines, des stations essence, des snacks. Et les baleines, naturellement !
Titus - Comment analysez-vous votre succès au Canada ?
Le clip de la chanson "Rendez-vous", extrait du nouvel album de Stephan Eicher, "Eldorado" :