Publié le 21 mars 2013 par Universcomics
@Josemaniette
Le contenu :Romance impossible et géo-politique de l'espace au menu de ce premier tome de Saga, la nouvelle série phare de Brian K.Vaughan, qui débute en ce mois de mars chez Urban Comics. Un récit qui s'ouvre par une naissance, abordée sur un ton très décalé. Mais qui vire au tragique. La petite, Hazel, est le fruit d'une union décriée. La maman s'appelle Alana, et elle vient de la planète Continent. Pas de chance, le papa, Marco, vient lui de Couronne, qui est en guerre avec le monde maternel. Romeo et Juliette dans le cosmos. Les deux tourtereaux sont des déserteurs qui refusent la logique du conflit inéluctable, et ils échappent de peu à la mort, avant de prendre la poudre d'escampette. Génétiquement parlant, la petite Hazel est aussi une rareté, et à ce titre a encore plus de prix : c'est une union unique entre les caractères de deux races qui ne devraient pourtant pas être en mesure de se reproduire ensemble. Elle possède d'ailleurs cornes et ailes, caractéristiques des deux parents. L'action va ensuite de déplacer sur d'autres mondes, afin que les ravages de la guerre n'amènent pas une destruction mutuelle entre Continent et Couronne ; que l'une des deux planètes viennent à succomber, et l'autre perdrait la stabilité nécessaire à son orbite. Du coup il y a un peu de tout dans Saga : une grande épopée cosmique qui se dessine, un discours social évident (jusqu'où va le droit à défendre ses propres Terres, ses propres origines? La frontière entre le terrorisme et le patriotisme est-elle aussi fine qu'un simple point de vue, selon l'angle de notre position?) mais aussi une touche de magie, étant donné les pouvoirs des habitants de Couronne. Un savoureux mélange qui fait mouche. Notre avis :Brian K.Vaughan revient sur le devant de la scène avec une nouvelle série promise à un bel avenir. Elle marche d'ailleurs assez fort en ce moment, dans les classements de vente. Une des clés de ce succès, c'est ce couple soudé et pourtant litigieux, avec une héroïne moderne et qui n'a pas froid aux yeux (Alana) et un consort plus pondéré et pacifiste, qui a fait le voeu de renoncer aux armes, au point de déchirer le cordon ombilical de son enfant avec les dents, pour ne pas avoir à sortir l'épée. La fille, Hazel, est la narratrice du récit, qui est donc un long retour vers le passé, une sorte de légende généalogique. Complexe et ambitieux, Saga est un titre qui mêle amour contrarié, enjeux politiques et manipulations stratégiques, pour créer un ensemble passionnant et plein de conviction. Les dessins de Fiona Staples sont assez agréables même si par moments un poil trop statiques. La colorisation est parfois aussi un peu plombée par des tons caca d'oie qui ne m'emballent pas plus que ça. Reste toutefois un niveau global (scénario et graphisme) de belle allure, qui peut même être recommandé à un public exigeant et avide de lecture adulte et mature. Le tout est publié chez Urban Comics, dans un fort joli album avec couverture rigide, pour une quinzaine d'euros. Un autre argument convaincant pour se laisser tenter par Saga, qu'on devine encore plus touffu et riche en rebondissements sur le long terme.