D’une certaine manière, on pourrait dire qu’elle a repris son nom de jeune fille. Son nom des années 1980, quand les familiers empruntaient volontiers le raccourci de « R » Show pour désigner « Radio Show ». Tout le monde ne s’en souvient pas forcément : R Show, station funk de la bande FM, créée par Claude Tuil et Bernard Abitbol, fut l’une des radios à succès dans les années folles de la libération des ondes, avec des pointes d’audience dépassant les 400 000 auditeurs par jour.
Quand il lui a fallu trouver un nouveau patronyme, Arno Koby, le vice-président de ce qui est devenu une webradio, n’a pas hésité longtemps : en janvier 2012, à l’occasion d’une fusion avec WFM, une autre pionnière de la bande FM passée sur le Web, l’ancienne Radio Show – rebaptisée un temps Radio Koby Show – est devenue Air Show (www.radio-airshow.com), en souvenir phonétique du bon vieux temps.
Si la nostalgie était une fleur, on dirait au demeurant d’Arno Koby qu’il a la main verte. Voilà vingt-cinq ans en effet qu’il la cultive à sa manière et qu’il consacre la plus grande partie de son temps à faire revivre la « station balnéaire » - le slogan de l’époque – brutalement interrompue, faute d’autorisation valide, le 31 août 1987 par la saisie du matériel de la radio. Un choc, rue de l’Aqueduc, à Paris, d’où elle émettait. Un grand silence sur la fréquence de 106,5 MHz. Et un grand vide dans la vie d’Arno Koby.
DEUXIÈME CHANCE
Le début aussi d’une longue quête pour l’animateur. Un combat de l’ombre, en solitaire souvent, pour que ne disparaisse pas une certaine idée de la radio, libre, libertaire, et surtout indépendante. La grande inspiration d’Arno Koby, 50 ans, ce fut de savoir ne pas laisser passer la deuxième chance d’« R Show » : le Net. Un espace où il retrouve le même esprit de liberté que dans les années 1980. Avec peu de moyens, chacun peut émettre et rencontrer son public. En juin 2008, Rshow.com reprend les bonnes recettes du temps de la rue de l’Aqueduc : de la musique funk et soul, « afin de se sentir en vacances, un verre à la main, au soleil », explique alors le net-animateur. Le carnet d’adresses d’Arno Koby permet aux auditeurs de retrouver les voix parfois un peu oubliées de chanteurs ou d’animateurs des grandes années. La radio tourne aussi grâce à une trentaine d’animateurs bénévoles, avec des talks, des infos, du direct. « On a le droit de s’exprimer, de réagir, de se tromper », indique Arno Koby. L’association vit du pôle média qui lui est accolé, une maison de production de jingles et flashs radio.Posée un temps sur la plate-forme com munautaire Radionomy, la fusion avec WFM a permis aux deux pionnières de la bande FM de retrouver leur si précieuse indépendance. Dans la corbeille de mariage, WFM a déposé ses structures et R Show son histoire. Air Show a pu s’équiper du logiciel WinMedia, le top en matière de radio numérique, de diffusion, de programmation, production et archivage, que l’on ne trouve généralement que dans les grands studios.
Malgré cela, Arno Koby, lui, continue à poursuivre son idée : que R Show retrouve un jour une place sur la bande FM. Un autre combat.
(paru dans Le Monde du 11 février 2013)
Olivier Zilbertin