Père Michel Viot, La révolution chrétienne, L’Homme Nouveau, Paris, 2012
Entretiens avec l’Abbé Guillaume de Taboüarn
Partant de ce constat aussi véridique que franc, « le christianisme en France est de plus en plus haï et méprisé », le Père Michel Viot, qui nous avait déjà gratifié d’une relecture de son parcours exceptionnel dans De Luther à Benoit XVI, L’Homme nouveau, Paris, 2011, nous propose maintenant de partir en « croisade », intérieure et extérieure, pour la nouvelle évangélisation.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que « le présent ouvrage ne fait pas dans la dentelle, parce que l’heure est grave ! » (p. 5). Mais d’emblée, le propos ne s’enlise pas dans un criticisme abscont, simple contestation pour le plaisir ou pour d’autres raisons pathologiques ; il vise une meilleure forme d’existence. « Ce n’est pas la vie de l’Eglise qui est en question. Celle-ci, d’institution divine, durera jusqu’à la fin des temps. Ce qui est en cause, c’est la forme de la vie de cette Église. » (p. 5) Une vie des fidèle qui par trop souvent est conforme au monde, voir conformiste, diluant le bon vin de la sagesse divine dans le monde.Aux chrétiens « mous », enfermés dans une parole de conciliation avec les pires anti-cléricaux, voir christianophobes, la question est posée franchement : « S’agit-il pour eux de trahison camouflée, d’un excès d’humilité, de masochisme, et pourquoi d’une combinaison des deux ou des trois ? »… Ce qui nécessite un retour juste et nécessaire sur les deux cités – du monde et de Dieu – (p. 61-65) qui permet de reclarifier de nombreux débats par leur racine commune… Ne pas mélanger les deux est un défi que rappelle justement l’ouvrage, et même si la politique peut devenir une idôle (magnifique chap. 3), elle doit être le lieu d’une imprégnation toujours plus importante de l’Évangile, afin de préparer au mieux les conditions de la seconde Parousie du Christ.
Les sermons insipides et profondéments ennuyeux : quelle réalité dans nos paroisses ! Le Père Viot ne l’enfouit pas sous une « gentillesse » fraternelle qui, à force, devient dangereuse pour la vitalité de l’Eglise… Il met le sujet sur la table, et ne s’exonère pas également de discuter certains points liturgiques, comme certaines traductions du Missel de Paul VI en français, ou le choix des lectures du Lectionnaire, dans un appendice de l’ouvrage. La restauration de la fête du Christ-Roi (chap. 7), que le Père Michel Viot juge comme étant d’une importance capitale et qui clôture l’année de la foi voulue par Benoit XVI, est pour lui une manière de mettre en exergue la royauté sociale du Christ sur toutes les sociétés. Des projets sont en cours pour rappeler, approfondir et célébrer cette réalité…
Un livre saillant et clairvoyant, qui nous laisse penser que l’Eglise possède encore en son sein des clercs aptes à faire émerger cette vitalité enfouie sous la « bien-pensance » et la parole de « conciliation » qui, en plus de gangrener le monde politico-médiatique, a également atteint la Sainte Eglise de Dieu… Ce livre en est le remède le plus efficace. Un véritable coup de cœur, de militant et de chrétien.