On les appelle ici les « homeless » car il n’existe pas de terme proprement japonais pour les désigner, ou s’il existe, je ne l’ai en tout cas jamais entendu prononcer. Je n’avais pas prévu d’écrire un article sur ce sujet mais une promenade autour du lac Shinobazu du quartier de Ueno et la vue de nombreux SDF m’a rappelé que Tokyo, comme toutes les autres grandes métropoles sur cette planète, possède son lot de sans-abris. Ils sont certes moins nombreux qu’en France, donc forcément moins visibles, mais ils existent bel et bien.
Ne serait-ce que faire une estimation de leur nombre est difficile car, à la différence des autres grands pays développés économiquement,
il n’existe pas au Japon de structures pour les accueillir. Ou si elles existent, elles sont le fait d’ONG.
Au risque de vous
surprendre peut-être, la mendicité n’existe absolument pas ici (tout comme dans un autre registre la notion de pourboire). En 10 ans de vie à Tokyo, je n’ai jamais vu un SDF tendre la main pour
demander une pièce. Les quelques rares d’entre-eux que j’ai pu apercevoir dans le métro ont plutôt tendance à profiter de la chaleur ambiante et s’assoupir sur leur siège, ou faire semblant de
s’assoupir afin de masquer leur gêne.
L’immense majorité d’entre eux a plus de 50 ans. Pour la plupart, le peu que je sache, ils étaient ouvriers dans le bâtiment ou en usine, et l’économie japonaise n’étant plus ce qu’elle était
dans les années 70 et 80, ils se sont retrouvés sur le carreau et dans la rue. Pour survivre, une seule solution: travailler. Bien souvent, ils parcourent les rues et collectent des cartons et
des cannettes d’aluminium, très utilisées ici, qu’ils revendront une misère, juste de quoi assurer un repas quotidien. Puis le soir venu, ils regagneront leur tente de fortune
aménagée dans un parc ou un jardin.
En
conclusion, je voudrais préciser que je n’ai pas pris ces deux clichés (les seuls d’ailleurs) pour jouer les voyeurs ou les pseudo-reporters mais simplement pour montrer que le Japon, malgré sa
richesse et sa traditionnelle cohésion sociale, possède lui aussi son lot de misère.
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