PHOTO/Photos Philippe Rouah
Le 15 mars à 6h00 par Myriam Galy
P.-O., l'Aude et l'Hérault : une opération coordonnée de lutte contre les trafics était organisée hier.Démonstration de forces et contrôle quasi garanti, hier matin entre 11 h et 11 h 30, à la barrière de péage du Boulou, dans le sens Espagne-France. Un automobiliste roumain peut en témoigner. En un temps record, son véhicule a été cerné par une horde de policiers, gendarmes, douaniers... préfets et journalistes. Il faut dire que le chien Tango semblait très intéressé. Tango, le Malinois du Peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) de Perpignan. Sa spécialité ? Détecter les stups, bien sûr, mais aussi les... billets. Banco, avec le conducteur roumain : si Tango a tant aboyé, c'est qu'il a reniflé le contenu d'un portefeuille ; 9 fois 50 euros. La prise peut paraître mince, mais l'équipe cynophile avait le temps de se rattraper dans la journée. Tout comme plus de 400 policiers, gendarmes ou douaniers qui ont été déployés simultanément sur les P.-O., l'Aude et l'Hérault.
59 personnes interpellées sur 3 503 contrôlées
C'était dans le cadre de l'opération GAZ-PYR - traduisez 'groupe d'appui zonal-Pyrénées' -, qui ne pouvait pas passer inaperçue : pas moins de 27 points de contrôles routiers et autoroutiers ont été mis en place sur les trois départements, sans oublier les 27 trains de voyageurs qui devaient être inspectés. Pour la coordination de l'ensemble, un PC était aussi installé dans les locaux des ASF, à Narbonne. Le bilan de l'opération : 3 503 personnes contrôlées, et 59 interpellées (lire encadré). Mais pour Hugues Parant, préfet de la zone de défense et sécurité sud, venu spécialement de Marseille, l'essentiel n'était pas là. "La police doit avoir des résultats, c'est tout à fait vrai, mais on lui demande surtout de l'efficacité. La politique du chiffre pour le chiffre n'a pas de sens, et n'en a jamais eu", a-t-il assuré au cours d'un point presse au Centre de coopération policière et douanière du Perthus (lire ci-contre). Pour le préfet, il s'agissait avant tout d'un "exercice" destiné à "tester la coordination pour une meilleure efficacité" au sein de la zone sud, qui va de l'Espagne à l'Italie. "La zone de défense est spécialisée à l'origine dans la sécurité civile, surtout dans la zone Sud où les risques naturels sont importants. Mais elle est aussi très ouverte aux circulations, vers l'Espagne et l'Italie, et aussi sur la mer, donc vers le Sud", note Hugues Parant.
Changement d'échelle avec l'arrivée du TGV
Et qui dit circulations, dit trafics en tous genres. Un seul exemple : sur les deux premiers mois de l'année, les agents de la direction régionale des Douanes de Perpignan ont déjà saisi plus de 7 tonnes de cannabis, soit le double de toute l'année 2012. Or, pour le préfet de la zone défense, les trafics vont encore changer d'échelle, et la lutte devra faire de même. La raison ? L'avènement du TGV entre la France et l'Espagne. "A partir d'avril, des villes comme Marseille et Barcelone seront reliées, et il faut voir comment l'on va s'organiser de part et d'autre", explique Hugues Parant, qui s'inquiète notamment "de la façon dont nos amis espagnols vont gérer le choc". Car là-bas, crise oblige, l'heure n'est pas vraiment aux démonstrations de forces. Démonstration de forces de l'ordre à la barrière de péage du Boulou dans les Pyrénées-Orientales, entre autres.