« Tenir le fil »... C’est l’expression de Moran et c’est ce qui le fait avancer depuis dix ans qu’il est dans le milieu. Il s’est entouré de musiciens qui sont aussi ses amis (très importants quand on passe plusieurs dizaines d’heures d’affilée dans la même voiture et qu’il faut aussi apprivoiser l’odeur des partenaires, leurs humeurs et leurs caprices).
Moran ne supporte pas les circuits commerciaux. Il écrit des textes auxquels il tient. Il les travaille, les adapte ensuite aux musiques qu’il travaille en sous-sol avec ses trois compères. Son maître à penser, c’est Léo Ferré. Le grand Léo qu’avec mon frère j’ai tant écouté.
Je ne résiste pas au besoin de lui poser la question : à des lycéens qui, pour la plupart, ne connaissent pas le chanteur, quelle chanson conseilleriez-vous d’écouter : sans hésiter « la mémoire et la mer », pour la magie des mots et la façon dont il manie le langage... « La mémoire et la mer »... C’est précisément cette chanson que j’ai récitée à mon frère le jour de son mariage... Décidément, il est bien ce Moran !
Je suis sûr que la vie est làAvec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument