20 - 03
2013
Le festival Théâtres et cinéma a pour principe de présenter, d'une part, l'intégrale (ou presque) d'un cinéaste, cette année tout Philippe Garrel, d'autre part, les adaptations au cinéma d'un auteur, ici Antonin Artaud. Mais, au delà de l'intérêt de revoir tous les films de Philippe Garrel, une chose m'a scotchée en lisant le programme : Zanzibar. Un collectif formé vers mai 68 par des parisiens dont les réalisateurs Philippe, Garrel Patrick Deval, la monteuse Jackie Raynal, le cameraman Michel Fournier, et aussi... des icônes des sixties : Zouzou (actrice, modèle), Caroline de Bendern. Mais le must, c'est le casting de certains films avec notamment des invités de la Factory de Warhol : Nico (du Velvet underground, compagne de Garrel), il y aura une soirée spéciale Nico (10 avril avec le film "Nico Icon" et "La Cicatrice intérieure"), mais aussi Viva, Gerard Malanga, Ultra-Violet, Ondine ("Cleopatra", 1970). On y retrouve également la famille Clementi, Pierre Clementi à la réalisation ("La révolution n'est qu'un début, continuons", 1968), Juliet Berto, Tina Aumont, Jean-Pierre Kalfon, Barbet Schroedet, etc... Les films de Zanzibar, tombés dans l'oubli après la dissolution du mouvement en 1970 jusqu'à ce que Jackie Raynal lève des fonds (vers la fin des années 90) pour tirer de nouvelles copies de ces films. Influencés par le Godard de "La Chinoise" et le cinéma underground américain, les films de Zanzibar sont plus radicaux, souvent improvisés et sans dialogue, sans fil narratif autre que la pensée politique de l'époque. La France aurait eu son cinéma underground aussi, passionnant... (à noter que "La Concentration" de Garrel, film happening tourné en 1968, durant 72h d'affilée, monté en une semaine, avec Jean-Pierre Léaud et Zouzou, n'est pas au programme, un film que je voulais voir pendant des années, et puis, j'y ai renoncé...)
Ouverture le mercredi 3 avril au Magic cinéma à Bobigny avec "La Naissance de l’amour" de Philippe Garrel avec Jean-Pierre Léaud précédé de "Les Enfants désaccordés", premier film et court-métrage de Garrel.
LES FILMS ZANZIBAR
Programme 1
"ABOLITION DE L’ART"
1968, 14 min
Réal. Alain Jouffroy
Réalisé en 1968, cet unique film de l’écrivain, artiste, poète et critique d’art Alain Jouffroy préfigure la radicalité de
mai. L’abolition de l’art constitue une attaque en règle contre le culte de l’art et sa spécialisation, les figures du
pouvoir et de la patrie. Alain Jouffroy a dirigé la revue XXe siècle, fondé Opus, la revue d’art internationale publiée
par Georges Fall et publié de nombreux textes et livres sur l’avant-garde.
"DÉTRUISEZ-VOUS"
1968, couleur et noir & blanc, 75 min
Réal. Serge Bard
Avec Serge Bard, Caroline de Bendern, Juliette Berto, Thierry Garrel, Alain Jouffroy, Olivier Mosset, Jacques
Robiolles.
« Empruntant à La Chinoise une intrigue minimaliste, Détruisez-vous raconte l’expulsion de Thierry (Thierry Garrel)
d’une cellule révolutionnaire dirigée par le critique d’art et poète marxiste Alain Jouffroy, lui-même mentor de
plusieurs membres du mouvement Zanzibar, et qu’on retrouve ici dans un rôle de pater familias. Le principal
protagoniste en est cependant Caroline (de Bendern), errant sans but pendant toute la durée du film. Dans une
scène, Jouffroy, debout dans un amphithéâtre, énumère les différents points d’un programme inspiré du personnage
militant d’Anne Wiazemsky dans La Chinoise.» Sally Shafto
Programme 2
"ACÉPHALE"
1968, noir & blanc, 65 min
Réal. Patrick Deval -
Avec Jacques Baratier, Michael Chapman, Laurent Condominas, Patrick Deval, Christian Ledoux, Edouard
Niermans, Jacqueline Raynal, Eve Ridoux, Audrey Vipond.
« Acéphale se déroule dans une sorte de no man’s land inhospitalier du 14ème arrondissement et dans une station
de métro désaffectée. Empruntant le titre de son film à la revue éponyme de Georges Bataille, Deval, tout comme
Pommereulle, suggère le besoin de trouver de nouvelles perspectives pour une approche du monde au-delà du
rationnel et fait allusion à l’expression populaire « Il faut changer de tête » d’une manière extrême, montrant au
début du film un homme en train de se faire raser la tête au son d’une tronçonneuse, suggérant ainsi la nécessité de
faire table rase par tous les moyens. Il ne s’agit plus d’y arriver à force de jets de pierre et de banderoles dans les
rues.» S.S
"VITE"
1970, couleur, 37 min
Réal. Daniel Pommeureulle
Avec Mustapha, Daniel Pommereulle, Charlie Urvois.
«Tourné au Maroc, Vite, cristallisait la profonde déception de Daniel Pommeureulle. Au côté d’un jeune garçon
arabe, dans un paysage désertique, il lance une attaque au vitriol contre le monde occidental, chantant et gesticulant
comme pour faire se matérialiser la révolution par des incantations. L’on sent dans les images que Pommereulle
souhaite aller bien plus loin encore qu’au Maroc, lorsqu’il montre des images de l’espace, merveilleuses d’austérité,
filmées avec une caméra fixée à un télescope Questar, les insérant dans la séquence du désert. Ses images de la
galaxie rappellent les premières photos de la Terre vue de l’espace, prises l’année précédente par la mission Apollo
8. D’autres membres du groupe restèrent en France, prenant acte de leur désillusion, désireux d’exprimer leur
sentiment d’être des réfugiés dans leur propre pays.» S.S
Programme 3
"CLEOPATRA"
1970, couleur, 134 min
Réal. Michel Auder
Avec Viva, Gerard Malanga, Taylor Mead, Nico, Ondine, Marco St John, Ultra Violet, Louis Waldon.
1794. Les frères Bonaparte rencontrent une jeune demoiselle répondant au nom de Désirée Clary. Très vite, celle-ci
se lie d'amour avec Napoléon. Leur relation va être mise à mal par l'arrestation de l'Empereur puis par son départ
pour l'Italie. Michel Auder a choisi la vidéo comme son principal moyen d'expression bien avant que la vidéo ai été
acceptée comme une pratique à part entière. Comme jeune aspirant cinéaste, il était tombé sous l'influence de la
Nouvelle Vague et le cinéma expérimental, notamment Jean-Luc Godard et Andy Warhol.
Viva (dite "Superstar" par Warhol) dans "Cleopatra" (1970) de son mari Michel Auder
Programme 4
"DEUX FOIS"
1968, noir & blanc, 90 min
Réal. Jackie Raynal
Avec Jackie Raynal, Francisco Viader, Oscar.
« Deux fois, tourné à Barcelone, est devenu l’un des films du mouvement Zanzibar les plus connus et qui, en 1972,
a obtenu le premier prix du festival d’Hyères. Le titre du film de Raynal est un clin d’oeil au « Il était une fois » des
contes, et l’oeuvre revendique l’héritage surréaliste de Buñuel et de Cocteau, tout en faisant référence au protosurréalisme
de Pedro Calderon de la Barca, dramaturge du XVIIème siècle, citant par deux fois La vie est un songe. »
S.S
"ZANZIBAR À SAINT-SULPICE"
1999, 5 min
Réal. Gérard Courant
Trente ans après leur révolution poético-cinématographique, les membres du groupe Zanzibar et quelques-uns de
leurs amis se retrouvent au café de la Mairie, place Saint-Sulpice à Paris.
Programme 5
"LA RÉVOLUTION N’EST QU’UN DÉBUT, CONTINUONS"
1968, couleur, 23 min, sans dialogue
Réal. Pierre Clémenti
Avec Yves Beneyton, Balthazar Clémenti, Margareth Clémenti, Jean-Pierre Kalfon, Valérie Lagrange.
Réalisé entre Rome et Paris en mai et juin 1968, lorsque Pierre Clementi tournait dans "Partner" de Bernardo
Bertolucci, ce film, confié à son ami Frédéric Pardo, a sombré dans l'oubli total pendant plus de vingt ans. Il a été
confié par Frédéric Pardo à l'historienne Sally Shafto en 1999, lors de ses recherches sur les films Zanzibar.
"FUN AND GAMES FOR EVERYONE"
1968, noir & blanc, 50 min
Réal. Serge Bard
Avec : Olivier Mosset, Caroline de Bendern, Jean Mascolo, Barbet Schroeder, Pierre-Richard Bré, Salvador Dali.
« Fun and Game(s) for Everyone relate le vernissage de Mosset en décembre 1968 à la Galerie Rive Droite. Mis en
musique par Barney Wilen et Sunny Murray, le film, un « happening » jazzy, voit Mosset, de Bendern, Salvador Dali,
Amanda Lear et bien d’autres tentant d’illustrer l’aspect carnavalesque de la période. » S.S
Programme 6
"HOME MOVIE"
1969, couleur, 150 min
Réal. Pierre-Richard Bré
Film retrouvé, inédit
Pierre-Richard Bré (qui fut, dans sa jeunesse, un protégé de Jean Douchet aux Cahiers du cinéma et il fut aussi
proche des Mac-Mahoniens) a filmé Home Movie avec une des premières caméras Super 8 (qu'il lui a été confiée
soit par!Olivier Mosset soit par Jean Mascolo) pendant le tournage au Maroc du "Lit de la Vierge" fin 1968. Bré a filmé
tout au long du tournage, du décollage en France à l’arrivée à Casablanca. Il suit l'équipe de Garrel à Marrakech et
ensuite aux environs de Ouarzazate, pour terminer dans le sud du Maroc dans le désert avec la visite du cinéaste
britannique Donald Cammell (les dernières images ce sont de lui). La dernière bobine de Home Movie fut filmée
avec un appareil différent des premières bobines, avec une Beaulieu, l'image est plus nette, l'optique meilleure.
Programme 7
"HOME MOVIE"
1968, couleur et noir & blanc, 30 min
Réal. Frédéric Pardo
Avec Tina Aumont, Pierre-Richard Bré, Pierre Clémenti, Philippe Garrel, Jean-Pierre Kalfon, Babette Lamy,
Zouzou.
« Comme avec sa peinture, Frédéric Pardo nous donne, avec Home movie, sa vision psychédélique du Lit de la
vierge de Philippe Garrel où se mêlent surimpressions et jeux de lumière. Une étude du cinéma vue avec l'oeil d'un
peintre. » Jackie Reynal
"ICI ET MAINTENANT"
1968, noir & blanc, 65 min
Réal. Serge Bard
Avec Serge Bard, Caroline de Bendern, Olivier Mosset.
« Ici et Maintenant (comme Fun and Game(s) for Everyone) exploite une image très graphique popularisée par
Roman Cieslewicz dans l’influente revue de gauche Opus International, dont Jouffroy était l’éditeur. Bard avait
demandé à Alekan de tourner sur de la pellicule qu’on utilisait généralement pour enregistrer le son et il demanda
aux techniciens du laboratoire de pousser le contraste au maximum, créant ainsi des images noir et blanc
particulièrement crues. » S.S
Programme 8
"LA CHINOISE"
1967, couleur,
Réal. Jean-Luc Godard
Avec Anne Wiazemsky, Jean-Pierre Léaud, Michel Semeniako, Lex De Bruijn, Juliet Berto, Omar Diop, Francis
Jeanson
Dans un appartement dont les murs sont recouverts de petits livres rouges, des jeunes gens étudient la pensée
marxiste-léniniste. Leur leader, Véronique, propose au groupe l'assassinat d'une personnalité.
TEMPS FORTS :
Mercredi 10 avril : SOIRÉE ZANZIBAR
19h : "L’Abolition de l’art" d’Alain Jouffroy et Détruisez-vous de Serge Bard
Séance présentée par Sally Shafto, critique et historienne de l’art, auteur de Les films Zanzibar
et les dandys de mai 1968 [2007, Paris Expérimental]
21h : "Le Révélateur" de Philippe Garrel précédé de "La Révolution n’est qu’un début, continuons" de Pierre Clémenti.
En présence de la comédienne Bernadette Lafont.
Zouzou et Philippe Garrel ("Marie pour mémoire", 1967, "La Concentration", 1968)
RÉTROSPECTIVE PHILIPPE GARREL
Longs-métrages
1966 "Anémone"
1967 "Marie pour mémoire"
1968 "Le révélateur"
1969 "Le lit de la vierge"
1970 "La cicatrice intérieure"
1974 "Les hautes solitudes"
1975 "Le berceau de cristal"
1979 "L’enfant secret"
1983 "Liberté la nuit"
1985 "Elle a passé tant d'heures sous les sunlights"
1988 "Les baisers de secours"
1991 "J'entends plus la guitare"
1993 "La naissance de l'amour"
1995 "Le coeur fantôme"
1998 "Le vent de la nuit"
2001 "Sauvage innocence"
2004 "Les amants réguliers"
2007 "La frontière de l'aube"
2010 "Un été brûlant"
Courts-métrages
1994 "Les enfants désaccordés"
1965 "Droit de visite"
1984 "Paris vu par 20 ans après : Rue Fontaine"
1987 "Les Ministères de l'art"
Films de la série Bouton Rouge
"Du côté de chez Donovan"
"Ronie et les mots"
"Les Who enregistrent"
"Polnareff, Zouzou et les bonbons magiques"
"Handa et la sophistication"
"Conclusions"
"Les jeunes et l’argent : présentation"
"Les jeunes et l’argent : France Gall, Marianne Faithfull"
"Le living theatre"
"Les chemins perdus 1966/1967"
TEMPS FORTS :
Mercredi 3 avril - Soirée d’ouverture : "La Naissance de l’amour" de Philippe Garrel précédé du court-métrage "Les Enfants désaccordés".
Soirée en présence de Philippe Garrel, Jean-Pierre Léaud et Lou Castel.
Samedi 6 avril - Leçon de cinéma avec Philippe Garrel animée par Philippe Azoury suivie de la projection du film "Les Amants réguliers".
Soirée en présence de Philippe Garrel et Clothilde Hesme.
Lundi 8 avril - L’oeuvre télévisuelle de Philippe Garrel
19h : "Les Ministères de l’art et Le jeune cinéma : Godard et ses émules"
21h : Les Films de la Série Bouton Rouge
Films présentés par Nicole Brennez.
Mercredi 10 avril : SOIRÉE NICO
19h : "Nico Icon" de Susanne Ofteringer
20h : "La Cicatrice intérieure" de Philippe Garrel
Séance animée par Benoît Basirico, journaliste, fondateur de Cinézik.
Nico et Pierre Clémenti dans "La Cicatrice intérieure" (1972)
Samedi 13 avril : Les affinités électives.
18h30 : Programme de courts-métrages :
"Les enfants de la nuit" de Caroline Deruas
"La Règle de trois" de Louis Garrel
"Ce qu’il restera de nous" de Vincent Macaigne
21h : "Un été brûlant" de Philippe Garrel.
Soirée en présence de Caroline Deruas, Louis Garrel et Vincent Macaigne.
Infos pratiques
Magic cinéma Bobigny
+ pour la 1ère fois, un programme "hors-les-murs" dans différents lieux de Seine-Saint-Denis :
au ciné 104 à Pantin, à Khiasma aux Lilas et aux Laboratoires d’Aubervilliers
www.magic-cinema.fr / theatresaucinema.fr
Mots-clés : CinéFestival, Théatres au cinéma 2013, Zanzibar