Quelle étrange atmosphère ! Déjà remarqué avec
Un léger bruit dans le moteur, Jonathan Munoz récidive avec cet album pour le moins surprenant. La narration laisse planer un voile de mystère qui ne se dissipe qu’à la toute fin. C’est sombre, brumeux, parfois angoissant. Belle trouvaille que cette étrange localité appelée Bouddumonde dont les habitants ne sont pas sans rappeler les bouseux que l’on croise dans les romans américains se déroulant au fin fond du Texas ou de la Louisiane. Certains trouveront sans doute la fin un peu trop ouverte et manquant de clarté mais il me semble au contraire que cette « opacité » ouvre la porte à différentes interprétations, ce qui n’est pas pour me déplaire.Le trait de Munoz est nerveux, parfois proche du crayonné. Le travail sur la couleur magnifie l’ambiance générale, les tons gris, bleu et ocre faisant peser une chape de plomb sur un décor privé la plupart du temps de luminosité.
Je suis ravi d’avoir découvert l’univers quelque peu torturé de ce jeune auteur. Et même si je conçois tout à fait qu'un tel album puisse laisser plus d’un lecteur de marbre, j’ai de mon coté grandement apprécié cette histoire que je qualifierais volontiers d’« envoutante ».
Les dormants de Jonathan Munoz. Cleopas, 2013. 102 pages. 19,85 euros.