Puis des rumeurs parvinrent jusqu'à nous. Il était question de détruire tous ces locaux inoccupés pour y construire des logement, notamment pour des militaires. Tout de suite nous tremblâmes pour notre écorce. Mais il nous fut répété alors que la municipalité avait déclaré, plan à l'appui, que notre espace de végétation serait respecté. Nous respirâmes. Rien ne se passant, nous prîmes espoir que rien ne bougerait et que tout resterait comme avant.
Mais un matin les bulldozers arrivèrent, et avec le passé des promesses ils firent table rase. La terre fut décapée et tous nos amis disparurent. Ce mardi matin, nous étions encore deux, ce mardi soir je suis désormais tout seul. Pour combien de temps encore, je l'ignore. Mais s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là.
Pourtant, pendant de longues décennies, nous avions regardé matin et soir vos enfants arpentant le chemin de l'école ; pendant les lourdes chaleurs de l'été, nous abritions du mieux que nous pouvions vos voitures des ardeurs du soleil. Malheureusement il était écrit que de ces services on ne nous saurait nulle grâce.
Humanum errare est ! et diabolicum perseverare.
Un jour, il sera trop tard !"