Le statut des langues au sein de l’Union européenne a été défini pour la première fois par le règlement n° 1 du 15 avril 1958 portant fixation du régime linguistique de la Communauté Économique Européenne. En théorie, ce règlement garantit aux citoyens la possibilité de s’adresser aux institutions et d’en recevoir des informations dans n’importe quelle langue officielle. Il donne également à toutes les langues officielles le rôle de langue de travail.
Or, en laissant aux institutions la liberté de « déterminer les modalités d’application de ce régime linguistique dans leurs règlements intérieurs » (article 6), ce même règlement a permis à la Commission européenne, aux commissions parlementaires ou encore à la Banque centrale d’utiliser presque exclusivement une seule langue nationale comme langue de travail.
Les sites institutionnels liés à l’UE sont eux aussi le reflet d’une politique du « tout-anglais » qui prive la majeure partie des citoyens européens de l’accès à l’information dans leur langue nationale. Le site de l’Année européenne du dialogue interculturel 2008 (www.interculturaldialogue2008.eu) est, à ce titre, assez révélateur.
Cette situation bloque non seulement l’émergence d’une conscience européenne commune mais pose également la question de l’équité financière. Dans son rapport au Haut conseil de l’évaluation de l’école (L’enseignement des langues étrangères comme politique publique, N ° 19, sept. 2005), l’économiste suisse François Grin estime que les montants économisés par le Royaume-Uni varient dans « une fourchette allant de 10 à 17 milliards d’euros annuels », soit trois fois le montant du rabais britannique dans le cadre de la PAC.
Ce multilinguisme de façade handicape l’émergence d’une conscience européenne commune. Le mouvement EDE souhaite voir, au cours du prochain cinquantenaire, la création d’un espace public européen dans lequel chaque citoyen pourra développer son identité européenne en harmonie avec ses autres identités régionale et nationale. Pour cela, il propose le recours à l’utilisation de l’espéranto en tant que langue pont neutre dans les rapports internationaux entre citoyens et dans la communication des institutions. Cela permettra de :
rééquilibrer les efforts financiers des États-membres de l’Union,
mettre fin à la concurrence linguistique entre Européens et à la sélection par l’anglais,
renforcer la diversité linguistique en dégageant du temps pour l’apprentissage des autres langues européennes, qu’elles soient régionales ou nationales.
À propos d’Europe Démocratie Espéranto
Europe Démocratie Espéranto est un mouvement politique européen qui entend intégrer la question des langues au débat politique. Soutenu par Albert Jacquard et le prix Nobel d’économie allemand Reinhard Selten, il a obtenu en France 0,15 % des voix aux élections européennes de 2004. Il sera à nouveau présent aux élections de 2009 dans plusieurs pays européens pour appeler à la construction d’un espace public européen démocratique.
L’espéranto est aujourd’hui utilisé dans le monde entier dans tous les domaines (sciences, tourisme, littérature, congrès internationaux...) Sa facilité d’apprentissage, son caractère international et l’ouverture sur le monde qu’il permet, lui ont valu le soutien de l’UNESCO et de nombreuses personnalités.