Le « Christ des païens », commentaire du De Consensu Evangelistarum de saint Augustin

Publié le 19 mars 2013 par Tchekfou @Vivien_hoch

 « Adjuro te per Deum vivum ut dicas nobis si tu es Christus Filuis Dei.

Dicit Jesus : Tu dixisti »

Au nom du Dieu vivant, je t’adjure de nous dire si tu es le Christ, Fils de Dieu.

Jésus répondit : Tu l’as dit.»

S. Matthieu, XXVI, 63-64

À la fin du IVème siècle, dans l’Empire Romain, la religion chrétienne triomphe, et fait de son succès un argument pour valider ses doctrines. Mais il y avait des penseurs païens qui faisaient encore circuler leurs objections au christianisme (notons la liberté critique que les religions pouvaient avoir l’une à l’égard de l’autre). L’une de ces objections était une tentative stratégique de récupérer la figure du Christ pour en faire un adepte du paganisme.

Le Mariage de Marie et Joseph, Église de Dorchester, Angleterre


 

Le De consensu euangelistarum a été écrit pour répondre à cette objection. Dans ses Rectractationes, saint Augustin présente son ouvrage ainsi :

« Le premier de ces livres est écrit contre ceux qui honorent ou feignent d’honorer le Christ comme étant un sage éminent et qui refusent de croire à l’Evangile sous prétexte qu’il n’a pas été rédigé par le Christ lui-même, mais par ses disciples qui lui ont, par erreur, estiment-ils, attribué un caractère divin, pour faire croire qu’il est Dieu. »[1]

Il s’agit en somme d’une critique très courante encore aujourd’hui[2], qui consiste à reconnaître la sagesse de Jésus, mais de ne pas en reconnaître la divinité (de Jésus à Jésus-Christ), en renvoyant cette divinité à une invention et à une déformation des premiers chrétiens (c’est-à-dire surtout les rédacteurs des Évangiles)[3]. C’est en quelque sorte une critique qui vise à réifier le Christ, à en minimiser la portée théologique à le comprendre comme un sage « quelconque ».

Notons également que ces païens ont tentés de sublimer d’autres figures (Pythagore, Socrate, Mithra, etc.) afin de réduire le prestige du Christ[4]. Il faut en tenir compte dans notre vision des figures de l’antiquité. D’où l’expression de « christ païen » expression qu’emploient Goulven Madec, De Labriolle, Albert Réville, etc[5], et dont la détermination occupera tout notre propos.

Deux notes à propos de cette expression :

- l’expression « la figure du Jésus païen » serait plus propice, étant donné que « Christ », christos, oint – dit déjà une dimension divine)

- Il faudrait plutôt parler « des christs païens » [6], d’une part en référence à la plurivocité d’interprétations de la figure de Jésus dans le monde païen, mais aussi en raison du nombre de christos que le monde païen peut revendiquer ou construire (Krishna, Mardouk, Mithra, Osiris, Pythagore, voir Socrate, etc.)[7]

Reconstitution des objections abordées par saint Augustin

On peut reconstituer les objections adverses de la manière suivante :

1° Certains fustigent l’absence de tout écrit composé par Jésus lui-même qui rend impossible de savoir ce qu’il enseignait réellement.  

2° D’autres le supposent auteur de certains livres de magie, ce qui en ferait un théurge-magicien (la magie était proscrite).

3° Le reproche fait aux disciples de Jésus d’avoir trahi la vérité, en donnant à leur maître le nom de Dieu, et en faussant son message

4° d’avoir ajouté à son enseignement le fait de proscrire le culte des dieux - (Jésus Christ n’aurait jamais interdit le culte des dieux) 

5° Les quatre évangiles seraient contradictoires (d’où le titre « consensu ») – c’est d’ailleurs l’objet principal de l’ouvrage, et la réfutation des objections ne consiste qu’en une digression de ce but[8]. )

La question du rapport à Porphyre

Or nous retrouvons le même type de critique qu’adressait Porphyre au christianisme, notamment dans les textes reconstitués de la Philosophie des Oracles. (C’est ce que nous avons nous-mêmes remarqué pendant la lecture de la Philosophie des Oracles. Nous sommes heureux de voir que c’est également l’hypothèse de John O’Meara en, 1959[9]). En effet, Porphyre a voulu sciemment séparer la figure chrétienne du Christ du Dieu des Hébreux, afin de contrer les chrétiens avec la conception d’un « Jésus piisimus », à la fois honoré et défenseur des dieux païens[10].

Quand à la sincérité de Porphyre concernant la sagesse du Christ, la question est débattue :

- De Labriolle (op. cit.) considère que Porphyre ironise.

- Joseph Bidez considère que « manifestement Porphyre a en vue une noble conciliation que les chrétiens eux-mêmes pourraient accepter ? »[11].

- Goulven Madec (op. cit.) considère lui que Porphyre est sérieux, et qu’il s’agit d’une stratégie de sa part.

Faire de Jésus Christ un adepte du paganisme, cela nous semble être une stratégie motivée par le contexte historique. La conception d’un « Jésus piisimus » permet à Porphyre, acculé par le christianisme, à défendre les cultes païens en se référant à la personne même de Jésus. Il s’agit peut-être plus d’amoindrir la persécution des païens par les chrétiens que par pure gratuité théorétique[12].

 Mais Augustin voit la faille dans l’argumentation de Porphyre, parce que ce dernier, dans la Philosophie des Oracles :

 1° d’une part ce dernier défend la sagesse des Hébreux[13] :

« Aux seuls Chaldéens est échue la sagesse, ainsi qu’aux Hébreux qui adorent saintement le Dieu-roi né de lui-même » (323F – 324F)

 2° d’autre part défend sa conception du « Jésus piisimus ».

« Les dieux ont proclamé que le Christ fut un homme très pieux, qu’il est mis au rang des immortels et qu’ils en font mention avec de grandes louanges. Les chrétiens, au contraire, sont des hommes souillés, corrompus, enlacés dans l’erreur, et contre eux les dieux profèrent maintes injures semblables. » (etc.) (345aF)

 Aussi, saint Augustin voit bien que si on s’appuie sur le lien entre le Dieu Hébreux, intolérant parce qu’il n’a pas accepté d’être intégré dans le Panthéon des dieux romain et qui prêche la destruction des idoles, et Jésus Christ, la thèse d’un «Jésus piisimus» est intenable[14].

L’argumentation de ce livre I consiste donc à réfuter la conception (sincère ou feintée) que les païens se sont fait de Jésus, en montrant qu’il est bien celui des prophéties hébraïques. Le Christ « païen », « sage », « magicien » s’oppose au Christ divin, prophétisé, ressuscité. Les livres suivants tenterons de réfuter la dissociation entre le Christ et les chrétiens (qui serait des falsificateurs) en s’appuyant sur l’accord des évangélistes (Christ de l’histoire / Christ de la foi) *

La stratégie augustinienne

 Saint Augustin tente donc de prouver le lien entre le Dieu d’Israël et le Christ[15]. Le Christ est présenté par saint Augustin dans le contexte de l’Alliance biblique. Israël, nation prophétique, son ministère public a consisté à annoncer son roi ; c’est ce que Augustin va tenter de retrouver en montrant que ce roi, c’est le Christ Jésus. Saint Augustin a donc d’une part besoin de l’Ancien Testement pour opposer le Christ prophétisé au Christ des païens. (et par l’occasion lutter contre les manichéens qui refusent l’Ancien Testament).

 Mais ce faisant, il « joue » le jeu des païens et fait quasiment un véritable effort d’inculturation, c’est-à-dire adapter son discours à ses adversaires et auditeurs, qui argumentent et pensent à travers la divination des oracles, leur accomplissement, et une certaine conception des prophéties. Il s’agit pour Augustin de justifier la figure du Christ des Évangile par la divination, c’est-à-dire qu’il comprend les prophéties de l’Ancien Testement comme des Oracles qui annoncent :

 - la destruction des idoles et du culte des dieux païens (chap. 26, 27, 28 et 32)

- l’identité prophétique entre le Dieu d’Israël et le Dieu chrétien (chap. 29)

- la divinité du Christ (chap. 31)

- enfin l’accomplissement des promesses dans les temps présents, la victoire des chrétiens (chap. 30 et 33 mais très récurent)

Il faut bien comprendre que saint Augustin n’aura de cesse, dans ce texte, d’entrecroiser deux types d’argumentations, ou plutôt deux temps : l’annonce des prophéties, et le constat de leur réalisation, à la fois dans la personne du Christ, et dans les temps de la victoire des chrétiens.

Mais, bien plus que d’argumenter seulement à partir de la divination en défendant le « Christ prophétisé » contre le « Christ des païens », saint Augustin va jouer sur une dimension théologique très profonde  : celle d’une conception de la providence divine et de la réalisation eschatologique d’une promesse.

 Saint Augustin procède donc à une réinterprétation totale de l’histoire profane à partir de l’alliance et des promesses bibliques :

« C’est à partir d’Abraham que je prends l’histoire des de ses rapports avec le monde. » (39)

En d’autres termes, il argumente à partir d’une théologie de l’histoire.

*****

1° Les Hébreux sont une garantie de véracité et de non falsification des prophéties :

- « Les ennemis de notre foi en attestent la vérité » (40) etc.

- « Peut-on dire qu’ils ont imaginé des prophéties dont on trouve le texte dans les livres vénérés par les ennemis mêmes de Jésus-Christ. ? » (40)

Évidemment, les Juifs garantissent les prophéties en ce qu’ils en sont dépositaires, tout en étant ennemis des chrétiens : donc les chrétiens n’ont pas pu inventer ou falsifier ces prophéties.

2° Question de la destruction des idoles

Le Christ a-t-il prêché la destruction des idoles ?

Ici l’appui des Juifs est encore une fois très utile, parce que le Dieu d’Israël est le seul qui n’a pas toléré d’être mis au panthéon des dieux romains.

- « Qui donc a ruiné l’idolâtrie sinon le Dieu d’Israël ? » (41)

- « Les livres non-seulement des chrétiens mais aussi des Juifs témoignent que ses dogmes et ses ordres sont contraire à l’idolâtrie » (42) etc.

En effet, les romains avaient pour principe d’accueillir tous les dieux des nations qu’ils avaient conquis ; seul le Dieu d’Israël avait été refusé au nom de l’exclusivité cultuelle qui y était attaché mais aussi parce qu’il prescrivait la destruction des idoles. De plus, la victoire du Dieu d’Israël est elle aussi prédite :

« donec proicerentur a credentibus idola et a non credentibus absconderentur - Un jour les fidèles se déclareraient partout contre les idoles, » (43). etc.

 Enfin, de l’autre côté, les oracles païens n’ont pas annoncé cette victoire du christianisme, ce qui les invalide :

« Hoc sibi certe per christianos fuisse eventurum legant ex libris vatum suorum, - Qu’ils veuillent nous montrer dans les livres de leurs devins, un oracle d’après lequel les chrétiens devaient leur causer tous ces maux » (50) etc.

3° Question du Dieu des juifs (régional) opposé au Dieu universel des chrétiens.

En effet, l’alliance s’est peu à peu généralisée, elle est passée du singulier (« l’oracle d’un ange » à d’Abraham), puis régional (Israël), à l’universel (toutes les nations). (Augustin procède ici contre la remarque philosophique de la progressive individualisation du salut – de la promesse trans-générationelle à promesse individuelle[16])

Dans son argumentation, saint Augustin arrive à un paradoxe (qu’il va évidemment surmonter) :

D’une part, il évacue les Juifs de l’accomplissement de la promesse en Christ

Mais, tout en s’appuyant sur les Juifs à titre de garantie des prophéties, il les écarte en affirmant que « leur infidélité même avait été prophétisé » (40) ;

Et : « Il (Dieu) repousserait son peuple impie et rebelle, non pas toutefois le peuple tout entier… » (43)

D’autre part, il joue sur l’universalité du Dieu d’Israël contre le régionalisme cultuel des païens

Autrement dit sur l’opposition monothéisme / polythéisme.

- « Suivant mes souvenirs, quelqu’un d’entre eux s’est flatté d’avoir lu dans les ouvrages de certain philosophe[17], dont le nom ne me revient pas, que les rites sacrés des Juifs lui avaient fait comprendre à quel Dieu s’adressait leur culte: « C’est, dit-il, à celui qui a la direction des éléments dont se compose le monde visible et corporel. » » (45)

- « Assurément, ces dieux, dont chacun n’a d’autorité que sur une partie du monde, doivent être inférieurs, quels qu’ils soient, au Dieu qui régit tous les éléments et toute la machine de l’univers. » (45)

- Et : « Pourquoi donc les païens, malgré le précepte d’un Dieu supérieur aux autres, veulent-ils non-seulement adorer ceux-ci, mais, à cause d’eux, ne pas l’adorer lui-même? » (45)

Ces deux réponses sont ambigües : l’une s’appuie sur l’exclusivité du Dieu d’Israël pour contrer le polythéisme, l’autre s’appuie sur l’accomplissement en Christ des promesses du Dieu d’Israël en écartant ceux qui restent Juifs. En d’autres termes : d’une part Augustin rejette les juifs, d’autre part il s’en sert.

4° C’est pourquoi il convient de comprendre et d’interpréter ce texte de manière eschatologique, c’est-à-dire à partir du principe de manifestation progressive de Dieu dans l’histoire jusqu’à la manifestation finale (l’ἔσχατος, la victoire de Dieu sur le monde).

Si Augustin est obligé de s’appuyer sur les Juifs, ce n’est que jusqu’à un certain point, car le Dieu d’Israël était encore un Dieu incomplet, par encore entièrement manifesté.

C’est le Christ, puis la victoire chrétienne dans l’empire Romain qui opère la manifestation totale et complète de Dieu.

- Puis saint Augustin poursuit un Dialogue avec Lucain, (chap. 30, 46). En effet, Lucain dit que les Juifs adorent un Dieu incertain : « incertum Deum »

« Et nondum Deus iste sanctus et verus Deus Israel, nondum per Christi nomen tanta in omnibus gentibus fecerat, quanta usque in hodiernum diem post Lucani tempora consecuta sunt. - Or, le Dieu d’Israël, ce Dieu saint et véritable, n’avait pas encore, par le nom de Jésus-Christ, opéré dans toutes les nations, de merveilles semblables à celles que le inonde a vues depuis les temps de Lucain jusqu’à ce jour » (Lucain est un poète du Ier siècle)

Le « Dieu incertain » des Juifs devient alors le Dieu de toute la terre :

« per Ecclesia Deus Israel universae terrae vocaretur - Par l’Eglise, le Dieu d’Israël serait appelé le Dieu de toute la terre » (p. 47)

On le voit : Dieu se manifeste progressivement dans l’histoire selon la réalisation de prophéties, dans une histoire théologique et régie par le principe eschatologique ; Dieu a la main sur l’histoire (ce qui invalide du coup les prophéties, les oracles, la magie et les divinations païennes)

4° Or si Dieu a la main sur l’histoire, la question du chapitre 33 est légitime : « Les temps chrétiens ont-ils diminué le bonheur sur la terre ? » (préfiguration du thème de la Cité de Dieu), en  référence aux « ouvrages de leurs philosophes, ennemis de ces plaisirs dont ils sont privés aujourd’hui à leur plus grand regret ».. (stoïciens, platoniciens, et Porphyre lui-même)

L’argumentation d’Augustin est d’ordre purgative : les temps chrétiens de l’empire font certes chuter l’empire, mais cela permet de purger les âmes.

Saint Augustin pense ici l’histoire comme voie sotériologique.

Conclusion

Même si nous relevons l’étonnante liberté critique avec laquelle les penseurs critiquaient ou défendaient (parfois violemment) les religions adverses, l’usage de ce type d’argumentation qui repose sur la victoire temporelle d’une religion, et une certaine lecture exclusivement théologique de l’histoire peut dérouter le chrétien d’aujourd’hui :

1. Quid d’aujourd’hui (récession du Christianisme) ?

 2. Quid des religions aujourd’hui qui, forte de leur succès, peuvent se user de tels arguments ?


[1] Rectractationes, II, 16

[2] Par exemple un F. Lenoir qui publie un « Christ philosophe ».

[3] De la même manière que les protestant accuseront l’hellénisme d’avoir « déformé » le message chrétien.

[4] P. de Lambriolle, La réaction païenne. Étude sur la polémique antichrétienne du Ier au Vième siècle, Paris, nouvelle édition, 1942, p. 9-10

[5] Goulven Madec, « Le Christ des païens d’après le De concensu euangelistarum de saint Augustin », Recherches augustiennes 26, 1992, p. 6

[6] C’est l’expression Pinard de la Boullaye, dans les Conférences de Carême de Notre-Dame de Paris en 1930 (2ème conférence).

[7] Notons de plus qu’on accuse souvent le christianisme d’avoir « emprunté » à quelque religion primitive ses dogmes et ses rites.

[8] De consenu euangelistarum, I, 34, 52 : « J’allais me mettre à résoudre les difficultés que présentent les évangiles et dans lesquelles certains voient des contradictions entre les quatre évangélistes (…) lorsque s’est présenté à moi une première objection a écarter »

[9] John O’Meara considère en effet que le livre I dépend de la Philosophie des Oracles de Porphyre (voir « Porphyry’s Philosophy from Oracles in Augustine », Paris, Études Augustiniennes, 1959, p. 85-92) ; Tout se passe en effet « comme si » saint Augustin venait de lire la Philosophie des oracles de Porphyre, et profitait de la rédaction du De consensu Euangelistarum pour réagir à ces allusions anti-chrétiennes mais « pro-Christ » et « pro-Hébreux » de Porphyre (ce qui est déjà contradictoire), ou bien à des allusions qui tout simplement étaient « dans l’air du temps ».

[10] Goulven Madec, « Christ des païens », Recherches augustiniennes 1992, V, 1, p. 62 et suiv.

[11] Joseph Bidez, Vie de Porphyre, Gand et Leipzig, s. d. (1913), p. 20

[12] Peut-être l’Eglise pratique-t-elle aujourd’hui ce genre de stratégie, par rapport notamment à l’islam, en disant que l’islam ne refuse pas fondamentalement l’existence des chrétiens, que nous partageons le « même » Dieu, etc. ?

[13] Rapporté par Eusèbe, Préparation Evangélique, IX, 10, 1-5

[14] À partir du même problème posé par Porphyre, la Cité de Dieu formulera une autre argumentation, dont on trouve déjà une bribe dans le De consensu : « Ils veulent ruiner la foi chrétienne, tout en louant et en honorant le Christ » De cons. I, 16, 24

[15] Jean V, 39 « (aux Juifs) Vous scrutez les Écritures… Et bien, ce sont elles qui témoignent en ma faveur. »

[17] À mon avis un commentateur du Parménide de Platon.