Le deuxième livre publié par Pierre-André Milhit aux éditions d'autre part, après son excellent L'Inventaire des lunes, porte un titre superbe : La garde-barrière dit que l'amour arrive à l'heure.
Toute la force de ce recueil de poèmes résulte d'une tension entre une forme fixe et une fantaisie infinie.
Forme fixe : chaque poème est construit selon le même modèle. Il comprend onze vers répartis en un sizain, un quatrain et un monostiche. Celui-ci, enfin, est formé d'une phrase dont le verbe est systématiquement dire, conjugué de différentes manières.
Fantaisie infinie : le texte est un inventaire, pour reprendre quelque chose du titre du premier recueil de Milhit. Le poète explore le monde et lance un regard curieux, vif, sur une réalité qui défile.
Son appétit et son bonheur de voir sont communicatifs. On savoure ce répertoire, cette collection d'images des formes du monde, dites dans une langue savoureuse, sans pathos, pleine de trouvailles et parfois farceuse.
Le premier poème :
un bout du mystère
dévoilé sous le poirier
un rire clair
un vin des dimanches
de l'amour
dans du papier qui brille
et la question centrale
où je me situe ce jour
parmi les miens
dans l'espace et le temps
ils disent qu'ils m'aiment
Pierre-André Milhit, La garde-barrière dit que l'amour arrive à l'heure, Editions d'autre part