Les demandes des chômeurs que Michel Sapin n'a pas voulu entendre.

Publié le 19 mars 2013 par Juan
Vendredi 15 mars 2013, la réunion organisée au ministère du Travail avec des associations de chômeurs n'a rien donné de concret.
C'est un drame.  La rencontre était attendue, et le ministre en personne y était présent. Michel Sapin était-il sourd ? Non. Il a reporté les décisions à une ... prochaine réunion.
Une réunion pour rien...
La situation des chômeurs est précaire. Nul besoin de grandes analyses. L'ampleur du non-emploi est telle que la conséquence est évident. La France compte environ 5 millions de demandeurs d'emploi: 2,2 millions sont effectivement indemnisés par l'UNEDIC: 456.000 touchent l'allocation de solidarité spécifique créée au forceps et sous la pression sociale en 2011; 755.000 touchent le RSA. Et près de 1,4 millions ne touchent aucune indemnisation. La moitié de cette dernière catégorie travaille "trop" pour être indemnisé.
Au troisième trimestre 2012, plus de 80% des recrutements du secteur privé étaient ... des CDD d'après une étude du ministère du Travail publiée le jour même de l'entretien au ministère.
Pôle Emploi recense une cinquantaine de menaces de suicides depuis la mi-février. Le 13 de ce mois, un homme en fin de droits s'était immolé devant une agence nantaise.
Vendredi, une réunion. La seconde depuis ... juillet dernier. Une coordination semestrielle entre associations (AC ! – APEIS - MNCP) et le ministère. Michel Sapin était paraît-il « caché sous la table ». L'expression est curieuse. Elle n'explique tout. Il a publié un drôle de communiqué, et refusé toute mesure d'urgence. Il s'est abrité derrière des mesures réelles, déjà en place, mais insuffisantes par rapport à l'urgence (revalorisation du SMIC de 2%, renfort de 2 000 CDI pour Pôle emploi, décret sur la retraite à 60 ans, revalorisation du RSA, etc.) Sur le fond, c'est incompréhensible.  « Le chômage explose, le désarroi s'installe et des pauvres gens acculés se suicident, mais ça n'urge pas.» commente le site Actuchômage (*).
Michel Sapin a peu de marge de manoeuvre, mais cela n'excuse pas tout. Il a renvoyé à une prochaine réunion... en juillet.
Fichtre...
... et l'urgence
Les cas problématiques et urgents sont nombreux mais facilement identifiables. Les associations, membres du Comité National de Liaison de Pôle emploi, et soutenues par le SNU et SUD Pôle emploi ont quelques demandes urgentes:
1. Simplifier l'accès aux minima sociaux. Les procédures sont complexes, parfois faites pour décourager le bénéficiaire. En novembre dernier un rapport de l’Odenore (Observatoire des non-recours aux droits et services), révélait que près de 7 milliards d'euros d'assurance sociale ne sont pas versées à leurs bénéficiaires de droit chaque année. Pour l'essentiel, les sommes non versées concernent le RSA. Les associations réclament que l'inscription au minima sociaux soit automatique dès lors qu'un demandeur d'emploi se trouve exclu de l'indemnisation chômage.
Posons simplement la question: en quoi cette mesure est-elle compliquée à mettre en oeuvre ? Pourquoi la décision tarde-t-elle ? Par crainte de payer 5 ou 7 milliards d'euros d'aide supplémentaire imprévue mais due ?
2. Décider un moratoire sur le remboursement des indus: la "machine" s'enraye jusqu'à réclamer parfois avce des mois de retard et sans qu'il y ait une quelconque fraude quelque 300 millions d'euros par an d'allocations versées par erreur par Pôle emploi. Pire, ces indus ne sont pas pris en compte dans le calcul de nouveaux droits à indemnisation. Là encore, assouplir la procédure coûte encore moins cher ! Le Médiateur de Pôle Emploi en avait parlé dans son rapport... 2011.
Re-posons simplement la question: en quoi cette mesure est-elle compliquée à mettre en oeuvre ? 
3. Réformer les règles régissant les radiations administratives. Pour le coup, on peut comprendre que la chose demande du temps. Encore faudrait-il donner une perspective... Pôle Emploi est une grosse machine. Agir Ensemble Contre les Chômage réclame  la publication de la circulaire sur les radiations transcrivant les préconisations du médiateur national de Pôle emploi.
4. Augmenter les minima sociaux afin de les porter au-dessus du seuil de pauvreté. Là, la mesure coûte cher.
5. Rétablir la dispense de recherche d’emploi (DRE), supprimée par Nicolas Sarkozy. La part des seniors au chômage, et de surcroît de longue durée, explose. Merci qui ? Sujet parallèle, les associations veulent le rétablissement de l’Allocation Equivalent Retraite dans son intégralité.
Bien sûr, il y a d'autres demandes, telles la revalorisation du contact humain, la suppression de l’offre raisonnable d’emploi (créée par Nicolas Sarkozy) voire la « suppression de tous le motifs de radiations hors cas de fraude avérée»  (sic!). Mais cela, c'est encore une autre histoire.

A suivre.


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