La vaste opération de spoliation des épargnants déclenchée à Chypre serait-elle le prélude à un pillage en règle des comptes d’épargne belges ? Plusieurs indices plaident en ce sens…
Par Frédéric Wauters, depuis Bruxelles, Belgique.
L’épargnant belge bientôt délesté ?
Mais le malheur des Chypriotes risque fort d’être contagieux. Rien n’empêche en théorie un gouvernement européen de lever une taxe similaire. En Belgique, où le gouvernement cherche toujours 2,5 milliards d’euros pour boucler son budget, la question n’a plus rien de théorique. Puisque nos ministre ne semblent nullement décidés à prendre les mesures structurelles qui s’imposent pour sortir le pays du marasme, que la vente de l’argenterie de famille a déjà eu lieu au cours de la décennie écoulée et qu’il n’est plus question de recourir à l’emprunt, la conclusion s’impose d’elle-même : une bonne petite hausse des impôts. Et pourquoi pas par le biais d’un prélèvement sur les comptes d’épargne ? Plusieurs indices plaident en ce sens…
Indice 1 : l’épargne décriée par nos édiles
Pour commencer, il y a cette charge menée sur l’épargne il y a quelques mois. Relayés par les politiciens, quelques économistes relancent le vieux refrain keynésien : l’épargne c’est mal. Ces Belges prévoyants qui mettent de côté pour être certains de tenir le coup en cas de problème font du mal à l’économie, nous serine-t-on alors. Et chacun d’aller de son petit couplet pour proposer de "drainer l’épargne des belges vers l’économie réelle". Notons au passage que désormais, le livret d’épargne est placé dans le même sac malodorant que la spéculation financière : ce n’est pas de l’économie réelle.
Indice 2 : les comptes d’épargne des Belges sont "vendus" comme garantie de la dette belge
Un deuxième indice encore plus inquiétant : les arguments commerciaux avancés dans une brochure de l’Agence Fédérale de la Dette Publique. Pour convaincre les investisseurs d’acheter des obligations belges, cet organisme inféodé au gouvernement n’y va pas par quatre chemins. Voici ce qu’on peut lire en page 10 :
Théoriquement, les ménages belges pourraient rembourser la dette publique.
En clair : achetez nos bons d’État, de toute manière si on a des difficultés à les rembourser on taxera nos citoyens, qui, eux, ont les sous. De quoi avoir froid dans le dos, non ?
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Indice 3 : un futur "cadastre des livrets d’épargne"
Encore plus troublant : ce lundi, entre la poire et le fromage, alors que les journalistes s’éveillent enfin à l’énormité du crime perpétré à Chypre ce weekend, le gouvernement annonce clairement la couleur. Il entend constituer un "cadastre des livrets d’épargne". Une étape logique : avant de taxer, on s’assure que personne ne pourra s’échapper à travers les mailles du filet.
Tous aux abris, mais où ?
Une seule conclusion s’impose aux épargnants prudents : il va falloir très vite mettre leur bas de laine hors d’atteinte. Mais est-ce encore possible ? Aujourd’hui, la Belgique a conclu des dizaines de conventions d’échange d’informations avec des dizaines d’États à travers le monde. Pour le commun des mortels, ni le Luxembourg ni la Suisse ne constituent plus un refuge. Quant aux autres pays européens, leur secret bancaire est mort depuis longtemps. Finalement, il ne reste qu’une alternative : convertir son épargne en pièces d’or et les enterrer au fond du jardin. Comme à l’époque romaine ou dans Robin des Bois. Parce que ne l’oublions pas : ceux contre qui luttait le héros invoqué en permanence par tous les assoiffés de justice sociale, ce n’était pas "les riches", mais l’État, représenté par le Prince Jean et le Sheriff de Nottingham. Mais où est donc la forêt de Sherwood ?
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