- Auteur : Eric Fottorino
- Editions Gallimard 2012
- 542 pages
30 ans de journalisme par Eric Fottorino, ancien directeur du monde. Un récit détaillé de son aventure de ses débuts en tant que pigiste à son dernier édito publié le 11 février 2011, intitulé « au revoir et merci ». Eric Fottorino nous fait découvrir l’envers du décor du quotidien français créé en 1944.
Dès le départ, l’auteur nous fait part de sa fierté qu’il ressentit lorsqu’il sut que son premier article serait publié au monde. Les autres piges qui suivirent étaient comme des trophées précieusement gardés pour son « book » jusqu’à ce qu’il soit embauché définitivement.
Eric Fottorino nous conte son début de carrière au Monde, commencé tambour battant, rythmé par le rude apprentissage du métier et des voyages incessants en Afrique, en Amérique Latine, etc. Sa spécialisation en matières premières lui procurera les connaissances et l’envie de prolonger ses enquêtes par des essais puis se mettra par la suite à l’écriture de romans, activité qui lui sera reproché à de nombreuses reprises par la suite.
Il nous donne un aperçu des différents postes au Monde et de son processus de création : la décision collective d’aller faire le reportage, le reportage en lui-même, la manière de le traiter puis sa publication (ou non).
Car c’est aussi là que ça devient intéressant, on entrevoit les coulisses du journal et sa petite cuisine interne qui surprend parfois par les innombrables conflits qui peuvent régner dans une grosse entreprise de presse telle que le Monde.
Une analyse au cœur d’un système économico-politico-médiatique bien plus sibyllin qu’il n’y parait : « un Monde sans pitié ».
Le livre est très détaillé, ce qui pourra en lasser certains à la longue mais c’était l’envie du journaliste de tout retranscrire afin de rendre le récit encore plus compréhensible. Dans cette pléiade de noms propres cités on retiendra le triumvirat Jean-Marc Colombani, Alain Minc et Edwy Plenel passé au crible par l’auteur. Ces trois personnes influentes qui auront régnée pendant un certain nombre d’année ont laissé une empreinte indélébile au Monde.
Quelques flèches cinglantes sont décochées….
« On ne devient pas l’ami d’Alain Minc. On est au mieux l’obligé d’un marionnettiste. »,
Edwy Plenel et sa « forfanterie de croire qu’il était un mythe vivant du journalisme » et s’était « lancé dans la guerre du scoop et la chasse à l’homme ».
… Mais dans l’ensemble l’esprit du livre n’est pas de s’acharner sur quiconque.
On sent d’ailleurs le journaliste assez mesuré dans ses critiques, mettant en avant l’incompétence quand il le faut, mais ne manquant pas de souligner non plus les qualités rencontrées chez certaines personnes.