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Les dessins d’Alex Burke

Publié le 18 mars 2013 par Aicasc @aica_sc
Alex Burke a récemment participé à l’exposition, « L’autre  » qui réunissait dix artistes au Centre d’Art Contemporain de Juvisy.   Alex Burke

Alex Burke

    Dans quelles nouvelles directions s’est engagée votre démarche depuis  votre installation,“Mémoire des Amériques », présentée, entre autres, à la Martinique en 2010 dans l’exposition collective Vous êtes ici   Mon travail n’a pas changé de direction, il s’inscrit dans une démarche qui se nourrit de l’histoire et convoque la mémoire pour tenter d’éclairer le présent. L’idéologie libérale mise à l’oeuvre pour l’exploitation des Amériques avec pour effet la destruction des populations indigènes et l’esclavage poursuit son oeuvre dans le monde avec d’autres méthodes. Son objectif qui est de réaliser un profit maximum sans se soucier du bien être des peuples, commence à inquiéter les populations d’Europe qui se croyaient à l’abri .   Vous consacrez l’année 2013 au dessin, pouvez vous expliquer les raisons de cette décision et ce que cela entraîne?   J’ai décidé de consacrer cette année davantage de temps à la pratique du dessin, cependant je n’ai pas abandonné mes autres pratiques. Dans une pièce récente, sur un échiquier de grand format, j’engage une partie entre des poupées de tissus et des robots métalliques, mécaniques. Pour revenir au dessin, c’est une technique que j’ai toujours utilisée, faisant varier : les supports, les formats, les techniques et les outils. Je commence rituellement ma journée par la lecture d’un quotidien pour m’imprégner de l’état du monde. J’assemble les pages du journal afin d’obtenir de grands supports à l’échelle humaine. J’installe ces supports sur le mur, frontalement ; dans une sorte de transe je tente de faire apparaître des formes humaines, pour cela je me sers de larges brosses et de la gouache noire. Il n’est pas question de représentation ni de figuration. Ces formes existent , il s’agit de les aider à sortir, elles ne sortent pas bien nettes, certaines parties le sont plus que d’autres, il y a des manques. En fait le dessinateur est une sorte de chaman, il ne prémédite pas ses interventions, il est a l’affût, en attente. Dans une perte de contrôle il exécute un barbouillage, l’enfance n’est pas loin, jeux de mains. Ce n’est pas un truc savant, cela peut seulement en avoir l’air. J’ai remarqué dans les grandes expositions  visitées ces derniers temps la présence d’art primitif cohabitant avec des oeuvres d’art moderne et contemporain. Dans une de ces expositions, j’ai eu la surprise de découvrir de belles encres de chine, de grands formats de Lucio Fontana qui laissent à penser qu’à côté de son oeuvre radicale, économe de moyen, il y avait aussi un besoin de débordement, de faire surgir de redoutables formes humaines. Plusieurs expositions en ce moment associent art primitif et art contemporain. L’angoisse, l’inquiétude, l’insécurité du monde d’aujourd’hui suscitent un besoin de comprendre l’étrange, ce qui nous dépasse, c’est peut être aussi un besoin de spiritualité ou la nostalgie de nos pertes ( les pertes de l’humanité ).   Quels ont été les prolongements de vos participations aux expositions, Infinite Island, Kréyol factory……..   La participation à ces expositions, même si elles n’ont pas toutes la même portée est importante parce que c’est l’occasion de réunir une famille dispersée, elles soulignent l’appartenance à la Caraïbe, aux Amériques. Elles  aident à prendre conscience que les caraïbéens sont un peuple qui partage une histoire commune, c’est fédérateur. Concernant les retombées, elles ne sont pas spectaculaires, elles sont probablement plus importantes pour les Hispanophones, les Anglophones et les Haïtiens en raison de leurs statuts politiques et aussi de  la relation qu’ils entretiennent  directement ou et à travers leurs diasporas avec le continent Américain qui est certainement l’espace où les artistes caraïbéens ont le plus de visibilité.  On peut penser que les bouleversements économiques qui s’opèrent dans le monde d’aujourd’hui, les recompositions géopolitiques, la montée en puissance de la Chine, de l’ Inde, de l’Amérique du sud ne seront pas sans conséquence sur le monde de l’Art. Pour conclure vers 1997/98 le Japon avait envisagé de monter une importante exposition d’artistes de la Caraïbe. J’ai reçu à l’atelier la visite du commissaire chargé de la partie francophone. Malheureusement le Japon affrontait une très grave crise économique et le projet a dû être abandonné.  

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