Dans l’opéra Le coq d’or de Rimsky-Korsakoff, le coq en question est un volatile merveilleux qui a la faculté d’annoncer les mauvaises nouvelles. Sous nos latitudes, on aurait confié le rôle plutôt à un noir corbeau ; mais justement, Pouchkine, l’auteur du conte qui a servi de trame au livret de l’opéra, vivait plus près des steppes du Caucase que nous.
A propos de la voix du coq, peu après que l’astrologue l’eût sorti du sac (avant la fin du 1er acte), l’animal se met à chanter « Kiriki kirikoukou ! »… Et là, plus aucun doute n’est possible : le coq est bien russe. Le coq, plus que tout autre oiseau, est très attaché aux caractéristiques linguistiques de son pays d’origine. On connaît le triomphal « Cock-a-doodle-doo ! » du coq anglais. Voici quelques coqs plus rares : l’Arabe, beaucoup plus intériorisé : « Kwkwk’w ! ». Le Chinois, à la distinction un peu pincée : « Gûgûgû ! ». Le coq juif à l’abstraction langagière étonnante : « Tsape baparopyl ! ». Le coq vietnamien chroniquement offusqué : « Ò-ó-o-o ! », etc., etc.
La musique de Rimsky-Korsakoff est belle avec ses accents orientalisants et son sujet sombre. Le coq annonce en 1909 (année de la mort du compositeur et de la création de l’œuvre) la mort du Tsar, soit 8 ans avant la chute du tsarisme et la Révolution bolchevique. On ne peut, dès lors, s’empêcher de penser que si le coq d’or avait annoncé des bonnes nouvelles, l’Histoire eût peut-être pu connaître des lendemains tout différents.
Paul Kristof
Le coq d’or : conte-fable en trois ates (Avant-scène, 2002) – [Livre] Disponibilité
Le coq d’or (TDK, 2004) Disponibilité
RIMSKII-KORSAKOV, Nikolai Andreevitch. Le coq d’or (Dante Lys, 2000) Disponibilité
RIMSKII-KORSAKOV, Nikolai Andreevitch. Le coq d’or (Melodiya, 2008) Disponibilité
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