Le mythe de la ville antique

Publié le 18 mars 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Nous vous avons conté la légende de la ville engloutie que nous ont répété les chats de Torcello. Souvenez-vous, il prétendent que, sous la lagune près de Torcello, est l’ancienne Atlantide.

Simple légende ?

Fantasmes de nos amis félins pour faire rêver les touristes ?

Giustina Renier Michiel, historienne vénitienne appartenant aux riches familles de Venise, adressa à Chateaubriand cette réponse : « Vous nous imputez comme un défaut de manquer d’antiquités romaines. Nous sommes bien loin d’en rougir. Ce ne sont pas les richesses empruntées, ce sont les propres qui honorent une ville. A Venise, tout est vénitien… » (Riposta alla lettera, op. cit. p. 18)

« A Venise, tout est vénitien », tout est dit !

C’est ainsi que s’est construite la légende de Venise dont la noblesse a volontairement occulté toute l’histoire de ces contrées avant la prétendue venue des vénètes dans une lagune désertique et inhospitalière.

Pourtant, depuis la nuit des temps, Torcello détenait un redoutable secret.

La Venetia antique, telle que Pline la décrit, et qui équivaut à l’actuel bassin lagunaire était une plaine, des stagna, que l’eau ne recouvrait que périodiquement, lors des innondations des fleuves, et, très rarement, durant les grandes marées. La plus grande partie du territoire autour de Turricelum est définie comme un vaste ager : des terres cultivées.

La via Annia, voie romaine passait à seulement trois kilomètres de là. Mazzorbo, Burano et Torcello étaient de simples faubourgs de la grande ville romaine Ammiana (Torceli, Amianae et Buriani du Pactum Lotharii de 840 par l’empereur Lothaire Ier). Les fouilles entreprises dans ce secteur de la lagune ont effectivement révélées des villae, pierres, marbres, mosaïques, monnaies, objets divers prouvent que, sur les rives du Sile, une civilisation s’était établie depuis l’Antiquité.

Une ville, importante existait donc dans ce qui était alors une vaste plaine. Une ville avec un port, comme celle dont on peut encore voir les vestiges à une centaine de kilomètre plus à l’est, à Aquilea.

Puis, en dépit du désordre hydrographique que provoquèrent les « déluges » du VIIème siècle, malgré les premières aque alte d’exception du VIIIème siècle, le bassin lagunaire n’aurait toujours pas été formé à la fin de ce siècle où terres agricoles, eaux et marais formaient encore un paysage instable.

Le détournement du Piave, qui autrefois confluait avec la Sile, ajouté à une période de fort eustacisme (forte montée du niveau marin) auraient conduit à la disparition quasi complète de la ville entre les XI et XIIème siècles. A cette époque, les vénètes étaient déjà installés dans la région, et ne pouvaient ignorer l’existence de la ville disparue.

A cette disparition due aux forces de la nature, les marchands installés à Rialto ont donc substitué une disparition politique : une réécriture de l’Histoire pour faire disparaître dans les mémoires cette civilisation aboutie qui avait précédée la leur.

Les recherches archéologiques menées dans cette région, apportent chaque fois un peu plus la preuve de l’existence d’une citée engloutie, et donc, par conséquent, du mensonge vénitien, tant de la part de son église que de ses notables, sur les origines de la civilisation dans les lagunes.

En complément, nos lectrices et lecteurs pourront poursuivre cette découverte des origines romaines de Venise, en lisant (en italien) Le origini romane di Venezia de Giuseppe Marzemin, ainsi que ce site qui lui est consacré entièrement : Questo sito è dedicato a Giuseppe Marzemin