Depuis plus de 10 ans, PayPal jouit d'une position dominante dans les paiements en ligne, situation enviable mais dangereuse puisqu'elle tend à endormir la passion pour l'innovation qui l'a amenée là. Heureusement, la concurrence est tenace et une multitude d'acteurs cherchent continuellement à s'emparer de sa première place.
Ces derniers temps, les attaques ont notamment porté sur les "APIs" (pour "Application Programming Interfaces"), qui permettent aux développeurs d'applications et de sites web d'intégrer les fonctions de paiement dans leurs réalisations. Des startups telles que Stripe ont ainsi commencé à mettre un accent particulier sur la simplicité d'utilisation de leurs services, pour se différencier de la filiale d'eBay.
Rien d'étonnant à cela, finalement, puisque PayPal était, en 2009, un pionnier – dans les services financiers – de la mise à disposition d'APIs pour les développeurs mais que cet effort n'a pas suivi les progrès technologiques de ces 4 dernières années. Même ses boutons de paiement, à intégrer dans les sites web, ont désormais accumulé un retard considérable sur l'état de l'art. Devant une telle faiblesse, les nouveaux entrants s'engouffrent naturellement dans la brèche.
Cependant, PayPal n'est pas encore un dinosaure incapable de réagir. La semaine dernière, elle a donc annoncé une première vague d'évolutions sur le front des outils de développement, tout en promettant de prolonger la remise à niveau tout au long de 2013. Le message est clair : malgré ses velléités de diversification dans le paiement de proximité, le géant n'entend pas se laisser grignoter ses parts de marché sur son activité historique.
Première partie de l'annonce, c'est (enfin !) l'arrivée d'un kit de développement pour plate-forme mobile. Le m-commerce étant universellement considéré comme la prochaine révolution du commerce, il était temps que PayPal y consacre une offre sérieuse. Disponible uniquement pour iPhone pour l'instant, celle-ci va permettre aux développeurs d'intégrer le paiement de manière totalement transparente, sans jamais sortir de l'application.
Côté internet, les solutions existantes vont aussi évoluer, par exemple pour prendre en compte les standards technologiques modernes (JSON, REST, OAuth...), devenus incontournables et faisant donc cruellement défaut jusqu'alors. D'autres changements sont plus liés à des usages émergents, à l'image de l'adaptation des boutons de paiement aux tablettes ou à la capacité de payer à travers un QR code (ou encore l'option de capture des détails de la carte de paiement par photographie, sur mobile).
Pour promouvoir ses nouvelles solutions, PayPal a également annoncé l'organisation d'une série de "hackathons" (des compétitions de développement de logiciels à durée limitée) richement dotés, dans 5 villes dans le monde (ainsi qu'une finale dans la Silicon Valley). Dans un modèle qui semble se populariser récemment, ces "Battlehacks" seront consacrés chacun à une "bonne cause" (sociale, écologique...) constituant le thème central des applications que devront créer les participants en 24 heures.
Avec ses plus de 120 millions d'utilisateurs dans le monde, PayPal pourrait facilement tomber dans l'arrogance et considérer avec dédain les petits acteurs émergents. Mais l'entreprise n'est pas si loin de sa propre naissance pour avoir totalement oublié comment une petite idée peut se transformer en un business florissant et elle démontre avec brio sa capacité à revenir très rapidement au meilleur niveau technique lorsque cela devient nécessaire.
Une leçon qui pourrait servir aux banques historiques qui croient que leur cœur d'activité est intouchable et ne veulent pas voir venir l'avant-garde des modèles disruptifs susceptibles de les rendre obsolètes (à terme)...