France Culture rediffusait, cette semaine, une
interview de Stéphane Hessel (A voix nue).
Stéphane Hessel est peut-être le dernier des Mohicans d’une
élite d’Europe centrale de culture internationale. Quelqu’un de l’espèce des Albert
Hirschman ou Siegmund
Warburg.
La vie de Stéphane Hessel m’a fait penser au Bonheur fou de Giono. Il a traversé des
événements effroyables, mais toujours avec le sourire, et avec une sorte de foi
indestructible en son infaillibilité. Comme dans cet épisode, où il se réveille
entouré de SS, qu’il convainc de se rendre aux forces américaines. Il
appartenait à une génération de gens qui avaient été élevés pour vivre dans le
danger et se rire des aléas. On ferait bien d’en prendre de la graine.
Il a consacré sa vie aux droits de l’homme. Mais sans en être
un défenseur borné. Il est même plutôt pragmatique, et reconnaît volontiers ses
erreurs. En outre, il a été un promoteur résolu de l’influence culturelle
française. Il me semble même avoir été fort sûr de son intérêt pour ses
anciennes colonies, dont elle était quelque peu constitutive.
Mais, sa définition de la gauche, « prendre le point de vue du dominé »,
me paraît résumer les dérives de ce parti politique. Et, peut-être ?, les dangersde ses bonnes intentions. De quel droit une personne peut-elle ramener un autre
être humain à un unique qualificatif : « dominé » ? Il n’y a pas
de misérables, il y a des hommes, égaux et respectables dans leur différence. Même s'ils traversent des moments difficiles.