Le Podcast Edito – Pas de sexualité pour les handicapés?

Publié le 17 mars 2013 par Podcastjournal @Podcast_Journal
PLAN DU SITE Abonnez-vous à nos flux par rubriques! Bien qu’il fonde son raisonnement sur le "principe de non-utilisation marchande du corps humain" et malgré un exposé des motifs particulièrement élaboré sur la question du corps et du désir, le CCNE dénie finalement le plaisir sexuel aux personnes souffrant d’un handicap physique ou mental. Il faut lire ce texte dans son intégralité: le contraste entre la richesse des références intellectuelles et psychologiques et la nature négative des conclusions est proprement saisissant.

Pire: le Comité recommande de mettre en place, pour les personnels soignants et éducatifs, une "formation à la sexualité de leurs patients". Cette formation devra avoir, selon l'avis, "un côté technique", en facilitant les "relations physiques entre personnes handicapées", ou encore "l'accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle". La déshumanisation de la formule fait frémir: elle conditionne l’obtention du plaisir à la seule rencontre possible avec un "autre semblable" interdisant en quelque sorte toute jouissance en dehors d’un cercle humain prédéfini. Un enfermement prophylactique de l’espèce qui ne dit pas son nom. Quant aux "moyens mécaniques", leur recommandation à titre compensatoire méprise la dimension anthropienne de l’être. Elle implique une castration réitérée du réel irréversible de leur souffrance et signe une séquestration de leur registre pulsionnel. Et psychique. Un rappel: la Loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées qui reconnaît les différents troubles (schizophrénie, bipolarité, angoisse, dépression, TOC) comme susceptibles de causer un handicap, n’a pas levé le "tabou" dans le monde du travail sur ces invalidités qui touchent encore 600.000 personnes en France. Alors que l’aide sexuelle est légalisée et encadrée aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche ou au Danemark, l’approche française trahit un conservatisme nourri d’inavouables ambivalences sur la sexualité. Conservatisme mis sur le compte d’une nécessaire vigilance "déontologique" dès lors qu’il s’agit du corps et de l’intime. Derrière la crainte énoncée par le Comité d’une "confusion" entre assistance sexuelle et prostitution, se tapit un archaïsme de la pensée: "la société n’aime pas qu’on lui rappelle cette partie scabreuse des fondations sur laquelle elle repose", écrit déjà Freud dans ses "Leçons d’introduction à la psychanalyse". Une société qui encore aujourd’hui n’a "aucun intérêt à ce que la force des instincts sexuels soit reconnue et l’importance de la vie sexuelle révélée à chacun". Rendu récemment public en France, un avis du Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) sur l...  (2.34 Mo) Découverte des villages de Saint-Émilion en audio et en vidéo, troisième partie...