Etrange vision du chômage que celle du gouvernement. A en croire le journal Les Echos, qui dévoile une partie du projet de réforme de l’assurance chômage qui sera débattu avec les syndicats dès jeudi, les chômeurs de longue durée sont au centre des préoccupations gouvernementales. Mais pas de quoi se réjouir pour les demandeurs d’emploi, une fois de plus stigmatisés.
Dans cette proposition, les chômeurs de plus de 6 mois seront contraints d’accepter tout emploi situé à moins de deux heures de transport de leur domicile, et ce pour un salaire qui pourra être inférieur de 30% à sa précédente rémunération.
Un dispositif censé lutter contre le chômage de longue durée en évitant que les demandeurs d’emploi ne s’installent « durablement dans l’inactivité ». L’idée est ainsi lancée : les chômeurs se complaisent dans leur situation. Un présupposé libéral et plutôt archaïque qui rend les demandeurs d’emploi responsables de leur inactivité, désireux de ne pas reprendre le chemin de l’emploi. Le chômage serait donc le nouveau projet de vie pour les plus « fainéants » des Français.
Comment imaginer que ce discours populiste et si loin des réalités soit désormais le fer de lance du gouvernement dans la lutte contre le chômage ? On a entendu le « travailler plus pour gagner plus », et la volonté d’aider « ceux qui se lèvent tôt le matin ». Mais cette proposition s’entend cette fois comme un reproche aux chômeurs de longue durée, qui cumulent les galères au quotidien.
Les défaillances de l’accompagnement des sans emploi par les structures publiques (ASSEDIC, ANPE), la difficulté à retrouver un emploi -le temps de chômage croissant-, la réticence des entreprises à embaucher de manière durable… le parcours d’un demandeur est loin de s’apparenter à une sinécure. La proposition du gouvernement est presque insultante aux yeux de cette population qui cumule les handicaps sociaux.
Pour conclure, une petite leçon d’économie à l’attention du gouvernement. Le chômage, ce n’est pas une poignée de marginaux qui souhaitent y rester, c’est aussi la résultante de l’inadéquation entre l’offre et la demande de travail, la question des formations inadaptées au marché du travail, celle des freins financiers à l’embauche… Se souvenir en somme que le taux de chômage, ce n’est pas que le fruit de la paresse ou de la crise internationale ; c’est aussi l’un des premiers indicateurs de l’efficience des politiques publiques…
Source: Les Echos
Photo: ANPE