Capables de « choisir leur camp » dès 9 mois, capables d’accepter qu’on s’en prenne à d’autres, mais pas à des bébés comme eux, c’est un portrait un peu cynique de la psychologie du petit enfant que dresse cette étude de l’Université de Colombie-Britannique. Des conclusions présentées par l’Association for Psychological Science qui, néanmoins, insistent sur l’importance des pratiques de socialisation, à la petite enfance, afin d’éviter le développement de préjugés face à la différence.
Si de précédentes études ont montré que les bébés préfèrent généralement les personnes aimables, cette recherche est la première à suggérer que les enfants vont tolérer des comportements antisociaux, mais à condition qu’ils soient dirigés contre des personnes différentes d’eux. A 9 mois, les bébés seraient ainsi capables d’évaluer leur environnement, cherchant à déterminer qui est leur ami ou leur ennemi, explique le professeur Kiley Hamlin du Département de psychologie de l’UBC, auteur principal de l’étude. Et pour faire ces distinctions, les nourrissons prennent en compte les différences et les similitudes perçues…par rapport à eux.
La préférence de l’enfant va vers ce qui va « dans son sens » : Ainsi, lorsque les chercheurs laissent des bébés choisir entre 2 aliments, puis regarder un spectacle de marionnettes dans lequel une marionnette montre la même préférence pour le même aliment, et qu’une autre montre la préférence opposée, qu’ensuite une troisième marionnette s’en prend à la marionnette aux préférences alimentaires différentes et qu’une quatrième va aider une marionnette aux préférences similaires, la préférence des bébés va toujours aux marionnettes qui vont dans leur sens. Ici aux marionnettes qui feront du mal aux marionnettes ayant des préférences différentes de celle de l’enfant ou, au contraire, aux marionnettes qui vont soutenir celles qui ont les mêmes goûts que l’enfant. Invités à choisir leur marionnette préférée, les nourrissons montrent immédiatement une forte préférence pour les marionnettes qui leur ressemblent.
L’ennemi de mon ennemi est mon ami : Des résultats qui suggèrent, selon les auteurs, une perception très précoce des alliances sociales, allant jusqu’à la compréhension du concept « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Le Dr Hamlin décrit même ce comportement comme une forme précoce des préjugés sociaux qui existent chez la plupart des adultes, en faveur de personnes ayant les mêmes origines, parlant la même langue, ou appartenant au même groupe socio-professionnel. Ce sens, à 9 mois, de l’évaluation sociale concerne à la fois les comportements des gens (sont-ils gentils ou méchants ?), mais aussi à qui s’adressent ces comportements et par qui ils sont aimés ou détestés. Si la propension à aller vers ceux qui vous ressemblent peut sembler naturelle, ce mode de préférence, ici très précoce « peut avoir un côté sombre », explique l’auteur. Car cela signifie que tout petit, l’enfant pourrait d’emblée ne pas aimer les gens qui sont différents, ce qui pourrait plus tard le conduire à les maltraiter ou, au contraire excuser, voire même applaudir ceux qui vont maltraitent les personnes qui sont différentes. Une telle propension pourrait à l’extrême aboutir à la xénophobie, d’où l’importance des pratiques de socialisation, en structure d’accueil ou à l’école, qui peuvent prévenir le développement de ces préjugés sociaux de base.
Source: APS Babies Prefer Individuals Who Harm Those That Aren’t Like Them
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