(Ma participation à l’atelier d’écriture qui consiste à illustrer la photo ci-dessous)
« Regarde le ciel… parfois ça ouvre la vision… »
Facile à faire et à dire quand on est allongés dans l’herbe, un été, à l’ombre des pierres anciennes dont l’assemblage constitue un solide château fort. Loin dans des souvenirs d’adolescence insouciante. Aux côtés d’amis perdus, qui ont partagé notre lente et progressive construction.
En continuant à pratiquer ces instants contemplatifs, on cherche comme quand on est enfant à voir se dessiner des formes avec les nuages, ces personnages se déforment à mesure que la vapeur d’eau se dilate, leur attribuant des expressions tordues et grimaçantes. J’avais appris le nom de tous les nuages et leur diagnostic : les cirrus filamenteux qui pouvaient présager d’une tempête ou d’un front chaud, les altocumulus qui tapissaient le ciel de fines et nombreuses taches blanches, les stratus qui opacifiait les éléments de leur brume grise, ou cumulonimbus qui faisaient penser à de la crème chantilly annonciateurs de pluie.
On reproche à ces gens là d’avoir la tête en l’air, peut être parce qu’ils prennent le temps de lever les yeux au ciel pour signifier autre chose que leur exaspération.
Un jour, quelqu’un m’a conseillé de considérer les lignes et les perspectives que l’on peut avoir en regardant simplement un peu plus haut. Il a déposé son dossier de photos intitulé « regarde le ciel » au plus profond de l’arborescence du serveur partagé. C’était plus aisé pour nous, qui étions de petite taille, de lever la tête parfois. Pour nous, se déroulaient les allées du ciel bordées de la cime des arbres, les choses s’esquissaient même par mauvais temps et se donnaient à voir. L’impression que le monde était réversible, et qu’il se reflétait en hauteur.
Crédits Romaric CazauxPuis au pied de la dune, avec non sans quelques scrupules, nous avons décidé d’emprunter un petit chemin déjà un peu tracé pour éviter de piétiner son fragile écosystème. Notre couple au beau fixe était dans sa phase descendante, et déjà l’instant d’après, entamait sa fissure. Pourtant, quand j’ai levé les yeux, j’ai vu cette course de petits cumulus, moutonnant tranquillement dans l’éther. Le soleil perçait au travers, comme pour indiquer une éclaircie et dénouer les tensions. En contrebas, l’océan lançait à l’assaut de la plage, ses vagues parfaites qui se déroulaient avec application en léchant goulument le sable. Même si l’orage, et l’averse de larmes couvaient, cet instant n’était que félicité.