Magazine

De la critique littéraire

Publié le 07 avril 2008 par Funuraba
 Petit pamphlet sur les dérives d'un métier délicat (et souvent obsolète): La critique littéraire.
  Les chroniqueurs qui essayent d'etre plus profonds et pertinents que les auteurs qu'ils chroniquent, au risque de se vautrer dans le ridicule jusqu'au cou. Un farceur écrit "Oh! l'arbre, qu'est-ce qu'il est joli!!!/Et ce connard de chien qui vient pisser dessus". Et nos critiques de se pamer devant "la magnifique allégorie sur l'injustice de ce monde inique (pléonasme ya hmar), où la beauté est profanée par des gueux à la férocité carnassière. Et oh! insigne outrage, ceux qui ont le courage de dénoncer cette insanité avec finesse, subtilité et talent, sont taxés de fous ou de farceurs par ces ames frigides, mithridatisées par leur hideur spirituelle et leur bétise" et bla bla bla. Et je ne parle meme pas de la peinture dite "abstraite" (qui est un autre sujet, qu'on abordera nchallah)
   Les critiques littéraires, écrivains ratés, qui dans chaque article essayent d'etre plus intéressants que les auteurs chroniqués (sans parler du réflexe "Ah! puisque vous avez la prétention d'avoir le talent suffisant pour écrire tenez vous serré, car nous allons éplucher la moindre ligne"). Et j'admire cet écrivain qui, invité sur un plateau de télévision, écoutait un critique faire l'analyse de son dernier bouquin (une satyre vaudevilesque). L'orateur, dithyrambique, finissant par un pompeux "Mon cher maitre, je vous félicite pour cette subtile réflexion sur...etc...etc", est tombé des nues en s'entendant rétorquer, avec une ingénuité pleine d'ironie: "Ah bon?! Je n'aurai jamais soupçonné une telle profondeur dans mon oeuvre. Merci d'avoir mis le doigt dessus; désormais, il va falloir me guinder pour justifier mon nouveau statut d'écrivain profond. Il faudra d'ailleurs me mettre tout cela par écrit, car je n'ai pas tout retenu. Vous etes bien sur que c'est de mon bouquin qu'on parle, n'est-ce pas?".
  Et le lendemain, les comptes rendus de presse qui saluent à l'unanimité "l'humour mordant, la roublardise géniale, le subtile mélange de modestie humble (peut-etre par opposition à la modestie prétentieuse, qu'est la fausse modestie, va savoir; mais il aurait suffi alors d'écrire "modestie vraie", surtout qu'en lisant "le subtile mélange", on subodore le paradoxe; mais "modestie humble" est plus littéraire. Les critiques, qui vous décortiquent la profondeur d'un texte, et ne s'attachent dans leurs expressions qu'à l'esthétique des mots- si on peut appeler cet ersatz de mauvais gout de l'esthétisme-). Donc, "le subtile mélange de modestie humble et d'un orgueil sous jacent (voyez vous ça!), qui refuse et rejette (les deux) l'appréhension systématique de son oeuvre et son étiquetage. Merveille que cette fausse ingénuité qui dénonce le défaut de compréhension de notre confrère (votre con de frère oui), qui n'a qu'effleuré l'essence de l'oeuvre, et a cru en avoir saisi la vérité (ya rabbek!!)".
   Ainsi, un écrivain honnette refuse de duper son monde et rejette les oripeaux dont on veut affubler ses écrits. Il dénie, à juste raison, la profondeur qu'on veut attribuer à son oeuvre (aw! on peut plus écrire pour déconner?), sans compter qu'il a du etre outré de subir l'indécence de ce panégyrique. Et ces imbéciles, n'étant pas dupes de l'auteur (et ne l'ayant peut etre jamais été, quoique cela reste discutable), préfèrent etre dupes d'eux memes, et aller jusqu'à fustiger leur confrère, non pas pour avoir fait de l'esbrouffe, mais pour n'en avoir pas fait assez. Triste exemple de corporatisme débile, où pour sauver la crédibilité de la profession, on fait de la surenchère, au lieu de reconnaitre la bétise du procédé.
   La surenchère, l'arme des médiocres et des faibles, comme cet imbécile qui a attribué par mégarde, lapsus, ou bétise, le "discours de la méthode", de Descartes, à Guy des Cars, et s'étant fait reprendre, insiste lourdement "oui certes, mais le véritable discours de la méthode, c'est bien Guy des Cars" (wash issa3dek issa3edni, rouh berk).
  Ensuite, pour reprendre haleine, je lève la tete sur ce que j'ai écrit (comme Montherlant sur ses lépreuses. Ah! la communauté d'intelligence! Combien d'écrivains se sont ainsi arrétés, en plein feu créateur, pour contempler les sillons qu'a tracés leur pensée. Est-ce que  nos critiques du Dimanche, en plein feu destructeur, se sont ainsi penchés sur leur bétise, avant de mettre le trait final à leur vomi?). Donc, je lève la tete et me demande "N'en ai-je pas trop fait? N'y a-t-il pas parmi ces critiques des penseurs avisés, qui accomplissent consciencieusement leur tache, qui est d'éclairer le futur lecteur sur l'oeuvre qu'il va lire? " Mais la se pose la question fondamentale: Est-ce que cette tache est nécessaire? Le synopsis au dos du bouquin n'est il pas une réclame suffisante? Et puis qu'est-ce qui décide un lecteur à lire un livre. Tant de chefs-d'oeuvres n'ont connu qu'un "succès d'estime" (euphémisme pour dire "fiasco commercial"), alors que des romans de gare sont devenus des best-sellers (parfois grace à la polémique et à la réputation sulfureuse que leur a taillée la critique).

Retour à La Une de Logo Paperblog