On fait une etape de pres de 200km pour rallier Khon Kaen. On est sur une grosse route pas bien interessante, et on prefere filer. Apres tout il suffit de debrancher le cerveau et de pedaler! On arrive a Khon Kaen epuises. On tombe comme des masses derriere des buissons, en pleine ville. On ne voit pas la lumiere du jour pendant les jours suivants : on a trouve le U-bar, toujours rempli d'etudiants Thai de notre age, et on y passe quelques nuits.
Avant de reprendre la route, il me faut passer chez les flics : les types qui m'ont vole ma carte de credit ont reussi a me vider mon compte, il faut que je depose une plainte pour faire marcher l'assurance. Et le moins qu'on puisse dire c'est que la police ne semble pas debordee. Je suis acceuilli par une policiere qui fait faire du coloriage a sa fille, qui m'enmene voir un policier allonge par terre en train de roupiller devant sa tele. Pas un ne parle anglais, mais je finis par avoir un bout de papier qui a l'air d'une declaration de vol.
On choisit de faire un detour de quelques jours pour rouler sur de petites routes et longer le mekong. C'est autre chose que l'autoroute. On prend bien notre pied a retrouver les petits villages et le calme. On n'est pas trop temeraires sur la bouffe car ils mangent vraiment des choses immondes et non identifie, l'odeur sur les marches peut etre insoutenable, ils boivent a pleine gorgee des liquides dont meme l'odeur nous donne la nausee. On s'en tiens aux classiques, riz au porc, soupe de nouilles, brochettes de viande on se regale avec ca. Les cafard dans une sauce gluante, c'est pas pour tout de suite.
Le soleil tape fort, et en pleine aprem ca peut etre difficile. Un jour ou je n'ai peut etre pas assez bu j'explose en vol, comme on dit dans notre petit jargon. A peine descendu du velo je dois m'asseoir car la tete tourne trop. Je suis perclus de crampes, jusque dans les abdos (qui pourtant ne sont pas les muscles qui bossent le plus en velo) et me lever me donne envie de vomir. Je pense qu'une nuit de sommeil fera l'affaire. Le lendemain, prevoyants que nous sommes, on part a 13h (a la fraiche quoi). Je met pas longtemps a serrer les dents dans la roue de Vico et la fin de journee est un calvaire entre crampes et envie de vomir. Mais on est recompenses de nos efforts le soir. Alors que je me laisse mourrir sur un trotoir pendant que vic cherche une guest house, j'essaye de discuter un peu avec le type qui fait griller des bouts de calamar devant moi. Tout content que je lui parle, il me dit "go home, same-same". Le "same-same" est tres utilise dans le coin et peut vouloir dire pas mal de choses, mais a force de geste je comprend qu'il nous invite. Vico ne revient pas alors il me dit qu'il rentre et que son "baby" viendra nous chercher. Deux heures plus tard, alors que Vic commence a avoir de serieux doutes sur mon recit, le baby (25 ans, bandana et tatouages) vient nous chercher et nous guider a la maison. Ca faisait un moment que l'on ne s'etait pas fait heberges, et ca nous fait plaisir de retrouver ces moments ou on ne sait pas trop ou se mettre, quoi dire ou quoi faire - et au final bien se marrer et se faire servir comme des princes! Pas moyen de discuter en anglais ici, ni la maman ni les deux fistons ne parlent plus que le pere, mais tous s'occupent de nous du mieux qu'ils peuvent. On regarde l'album photo famillial avant d'aller se coucher (probablement dans le lit des parents mais pas moyen de refuser ces choses la!). Le matin au reveil un copieux dejeuner nous attend.
On se trouve une guest house de reve, avec des petits bungalows en bord du fleuve. On s'enfile quelques bieres Chang en regardant le Laos, qui est juste de l'autre cote du fleuve. Il faut bien avouer que la Chang aura coule a flot durant notre passage en Thailande. Mais qu'est-ce que vous voulez, on a entendu dire que la biere apportait des minereaux tres bon pour la recuperation, alors...
Le lendemain on se dirige vers le "pont de l'amitie Lao-Thai". 30$, un petit sourire et hop le visa est dans la poche. Si ca pouvait etre toujours comme ca... On n'a plus qu'a enjamber le mekong, et on se retrouve au Laos. Ca a toujours un cote un peu magique les passages de frontiere, et c'est franchement plus agreable que de debarquer par avion. On retrouve le cote droit de la route, on est comme a la maison. Le retro redeviens utile (oui oui, on est tellement feignants qu'il est reste du mauvais cote pendant 2 mois).
Vientiane, la capitale du Laos 250 000 habitants, est en faite un gros village. Le centre ville est occupe par les Falangs (nom donne ici aux occidentaux), alors forcement fleurissent des guest house et restos aux menus occidentaux et plutot chers. Les "ganja, opium, cocaina?" ou le tres classique "lady boom boom?" fusent depuis les nombreux touk touk, mais la ville est au final tres calme et paisible.
Reprendre la route apres s'etre occupe du "paperwork" nous fait du bien, d'autant plus que le bord de route est particulierement anime. C'est la fete partout et les cadavres de beerlao s'entassent devant les maisons et les bars. Apres quelques kilometres on se rend compte que ce sont surtout les femmes qui eclusent la biere. A chaque village des sonons sont a fond dans toutes les maisons et ca danse ca danse ca danse. On est en milieux d'aprem et de 15 a 75 ans, pas une bonne femme pour marcher droit. Vous comprenez bien que ca ne nous incite pas a faire une grosse journee de velo, et on decide de participer a la fete en prenant nos rations de beerlao. On comprend que la cause de toute cette agitation est la journee de la femme, que les dames lao fetent dignement. On finit la journee dans un petit village en effervescence, et notre nuit se termine au karaoke-bar du coin.
L'aller-retour a Vientiane se fait en une journee, toute la route que l'on a fait en velo et qui nous a tellement plu nous passe sous les yeux, sans saveur. On n'apprecie finalement pas grand chose du haut d'un bus. On ne peut pas s'empecher de se dire qu'on est privilegies de voyager en velo : les meilleurs moments que l'on passe sont dans les villages ou personne ne parle un mot anglais et ou les gens sont ravis de nous voir, plutot que dans les points touristiques ou se concentrent les falangs et ou les rapports avec les gens du pays sont fausses.
Maintenant on met le cap sur le Vietnam. Pour passer dans des endroits moins frequentes, on a choisi d'emprunter une piste qui traverse la montagne. Ca va probablement piquer, mais c'est l'jeu!
Cote chiffres, ca fait maintenant plus de 6 mois que l'on est partis, et on a depasse les 10 000 km.
Les photos c'est par la!