Le carrosse brinquebalant et grinçant vient de franchir les grilles de la cour d'honneur. Le cocher tire sur les rênes des chevaux qui se cabrent en hennissant. Le convoi s'immobilise brusquement, ce qui a pour effet de réveiller totalement le souverain qui émet un bâillement puissant. La valetaille empressée accourt autour du véhicule. Stanislas grognon ajuste sa perruque tout en songeant qu'il faudrait bien refaire cette foutue route entre Nancy et Lunéville. On y est si secoué qu'on ne peut même pas dormir en paix. Il pose un pied chaussé d'un escarpin pourpre, puis l'autre, sur le pavé de grès grossier. Il gravit les quelques marches au milieu de la cour qui se ploie en courbettes obséquieuses. Le vue de madame de Boufflers en haut des marches lui réjouit le cœur et lui fait oublier les tourments du trajet, oublier Nancy. Ce dimanche, après la messe en la chapelle et le grand banquet dans la salle d'honneur, il y aura fête dans les Bosquets. On y dansera le menuet et on marivaudera en regardant les automates...
Que la vie est bien douce sur les bords de la Vezouze, quand on est duc de Lorraine !