"Beaucoup de Chypriotes étaient sous le choc, samedi, après l'annonce d'un accord avec l'Union européenne sur un plan de sauvetage de 10 milliards d'euros comprenant une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires. L'accord a été conclu dans la nuit de vendredi à samedi, et les résidents de l'île méditerranéenne l'ont découvert à leur réveil. Des queues étaient visibles devant les banques, les particuliers tentant de retirer le plus d'argent possible.
Les bailleurs de fonds de Chypre - UE et FMI - ont en effet demandé l'instauration d'une taxe exceptionnelle de 6,75 % sur tous les dépôts bancaires de moins de 100 000 euros et de 9,9 % au-delà de ce seuil, ainsi qu'une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts.
"C'est une catastrophe", a dit un Chypriote de 45 ans venu retirer de l'argent. "Cela va nous donner envie de sortir de l'euro, dit un autre, un retraité. "Je croyais qu'en dessous de 100 000 euros, on n'y toucherait pas", regrette Andri Menelaou, 25 ans. Je n'ai pas grand chose mais je ne vois pas pourquoi je devrais payer pour les erreurs des banques."
"J'aimerais savoir où elle est, cette solidarité européenne. Qu'avons-nous obtenu? Rien", juge Yiannis Pavlou, un mécanicien de 28 ans. Une allusion à la Grèce, l'Irlande, le Portugal ou l'Espagne, qui n'ont pas eu à accepter cette taxe exceptionnelle.
"On essaie tous de retirer un maximum d'argent -- mais cela ne marche pas très bien, on ne sait pas si les comptes sont bloqués ou les distributeurs vides, a dit à l'AFP Joseph, employé de banque chypriote. Personne ne s'attendait à cela -- et les banques n'étaient au courant de rien". Les agences bancaires étaient fermées pour le week-end, et jusqu'à mardi matin, lundi étant férié sur l'île. Ces retraits ne vont toutefois pas empêcher la ponction sur les comptes de toute personne résidant sur l'île. Les montants correspondant à la taxe "sont déjà bloqués et ne peuvent plus être transférés", assure Marios Skandalis, vide-président de l'Institut des comptables publics de Chypre. Cette mesure est censée rapporter 5,8 milliards d'euros au gouvernement.
Le président Nicos Anastasiades a justifié ce plan, qualifié de "douloureux", par le risque "d'effondrement" du système bancaire qui précipiterait une faillite et une éventuelle "sortie de l'euro". "Nous avions le choix entre le scénario catastrophe d'une défaillance non contrôlée, et une gestion douloureuse mais contrôlée de la crise", a-t-il résumé dans un communiqué. M. Anastasiades s'adressera à la nation, dimanche, alors que le Parlement chypriote se prononcera sur le plan.
"La situation est grave mais pas tragique, il n'y a pas de raison de paniquer", a également tenté de rassurer le porte-parole du gouvernement Christos Stylianides, alors que le ministre des finances Michalis Sarris assurait que "Chypre a choisi la moins douloureuse des solutions". Mais Nicolas Papadopoulos, député du parti Diko (centre-droit) dont la direction a soutenu l'élection récente du président Anastasiades, Nicolas Papadopoulos, s'est élevé contre l'accord en le qualifiant de "désastre" pour le système bancaire. "Je veux qu'un représentant du gouvernement m'explique pourquoi cet accord était la meilleure solution". "Cette décision est bien pire que ce à quoi nous nous attendions et contraire à ce que nous affirmait le gouvernement encore pas plus tard que la nuit dernière", a ajouté le président de la commission des finances au Parlement, Nicholas Papadopoulos."
Le Monde
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pendant ce temps, Jaimie Diamond* crache le morceau:
«Nous bénéficions effectivement du ralentissement de l’économie.» En vantant les bénéfices de sa banque devant un parterre d’investisseurs, 21,3 milliards d’euros en 2012, Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, n’a sans doute pas bien mesuré la portée de ses déclarations. Elles ont tout du vendeur de canons contemplant ses caisses remplies par la boucherie d’une guerre des tranchées. Certes, ce ne sont plus les armes, mais la crise qui en Europe comme aux Etats-Unis, emporte les populations. Sur elles pèsent l’explosion du chômage, la baisse de la croissance, et, pire, le transfert de la dette des banques vers les Etats. Quant aux banques, à l’instar de JP Morgan, la vie est belle, elles prospèrent même grâce à la crise dont elles sont elles-mêmes à l’origine." source
mais Warren Buffet l'avait déjà souligné: "Le 25 mai 2005, Warren Buffett déclare sur la chaîne de télévision CNN : « Il y a une guerre des classes, où ma classe gagne de plus en plus, alors qu'elle ne le devrait pas » (It's a class warfare, my class is winning, but they shouldn't be)."
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* « On vient juste de heurter l'iceberg. Il n'y a pas assez de canots pour tout le monde...la musique va continuer à jouer...alors autant que vous repreniez du caviar et du champagne. » Confession de Jaime Dimon, président de la JP Morgan lors d'un dîner, le 13 septembre 2008 à New-York, la veille de la faillite officielle de Lehman Brothers. (Cité par Jovanovic, Blythe Masters, 2010)