Les oranges pourries

Publié le 16 mars 2013 par Jeanpaulbrouchon


Décidément le dopage n’en finit pas de salir le sport cyliste. Depuis le scandale Festina, en 1998, les affaires se succèdent, les révélations aussi et il n’y a pratiquement pas un jour sans qu’on y fasse référence.

Avec Armstrong, on pensait avoir atteint le sommet, mais il y a encore le procès Puerto à Madrid, et aussi l’implication de Rabobank dans cette gangrène qui pourrit le milieu depuis des décennies. Cette dérive a poussé le grand établissement bancaire néerlandais à prendre la porte de sortie, après avoir toutefois profité pendant vingt ans (comme Kelme, Telekom, Once, US Postal et d’autres grands sponsors) des retombées publicitaires liées aux « exploits » de ses représentants.
Comme beaucoup, les coureurs hollandais ou portant les couleurs oranges, ont toujours été très concernés par le dopage.

Janssen, Wagtmans, Karstens, Bal, Zoetemelk, Van de Velde, Maas, Winnen, Rooks, Theunisse. La liste n’est pas exhaustive. Sans oublier les décès prématurés d’Oosterbosch (arrêt cardiaque), Knetemann (idem, à 53 ans), Johan Draaijer (celui par qui les rumeurs d’EPO se sont répandues), Connie Meier, etc. Les doutes aussi concernant Leontin Van Moorsel. Puis les affaires PDM en 1991 (intoxication collective mais rumeurs en relation avec un dopage organisé) et TVM en 1998 avec son sulfureux directeur sportif Cees Priem. Plus récemment encore, les affaires Dekker (Erik et Thomas), Rasmussen et maintenant Mickael Boogerd que l’on a souvent vu évoluer au-dessus de ses moyens, la tête rouge comme une pivoine, sur le point d’exploser. Dans son cas, ce n’était qu’une orange sanguine…
C’était une impression toute personnelle, à l’époque où l’on était au micro de la TSR. Mais comme Boogerd n’avait pas la réputation d’exagérer sur la consommation de beaujolais, il fallait plutôt y voir la conséquence de l’intensité de l’effort grâce à un sang sur-oxygéné par l’effet de l’EPO. Avec ses aveux de dopage, la liste s’allonge encore et la vérité remonte à la surface. Tout devient beaucoup plus clair. On comprend mieux qu’il ait pu signer des performances qui prêtaient à confusion. A propos desquelles on se posait des questions sans avoir les réponses. Jamais positif, comme la plupart des fraudeurs.
Parmi eux, on vient de l’apprendre au procès du docteur Fuentes, le Colombien Botero, revenu de nulle part en 2006 et vainqueur du difficile Tour de Romandie avec seulement sept jours de course dans les jambes ! Une réussite provocante et forcément suspecte pour les journalistes, mais pas pour ses directeurs sportifs John Lelangue et Juan Fernandez… L’explication ?  Une « préparation » à coups de transfusions de sang par le diabolique médecin espagnol.
Il faut croire que ces sportifs tricheurs en ont gros sur la conscience pour se laisser aller désormais à tant de confidences. Mais on n’en peut plus de ces révélations. C’est comme pour les  affaires de pédophilie ! Trop c’est trop et c’est à se demander s’il y a encore une parcelle de crédibilité et de respectabilité dans le vélo. On veut pourtant le croire avec l’arrivée d’une nouvelle génération prometteuse. Mais si les coureurs changent et les mentalités avec, qu’en est-il des managers, des médecins et des directeurs sportifs ?

Bertrand Duboux