… faisait bon sur Paris samedi dernier. Confortablement chaussé de mes "toiles" basse blanches - couleur d’avant-goût neigeux - pieds blottis dans de grosses chaussettes en laine - pas fou... mois de mars oblige - je descendais tranquillement la rue des Archives pour rejoindre un de mes amis. Arrivé au Cactus, Baptiste entouré de Matthieu, sa sœur Lise et Ager, journaliste chez France3 terminaient de trinquer leur p’tit blanc préalablement accompagné d’un lot d’huîtres à fière allure.
©Camille Malissen
L’apéro joyeusement bien entamé, ne pouvait se poursuivre que par un dîner dans l’un des nombreux restaurants de la Capitale. Mais où aller ? Selon les dires de Baptiste, les rumeurs allaient bon train dans le 11ème parisien : il paraissait qu’un bon p’tit bistrot local délectait les papilles et affolait les yeux des gourmets gourmands du quartier d’Oberkampf. Toujours soucieux d’être sur les bons plans gastronomiques, nous nous y sommes rendus.La famille, y’a que ça de vrai. Et au Bozart bistrot, la famille de la Foata le sait pertinemment.Ici, Numa et Elsa - respectivement frère et sœur - propriétaires du lieu, sont enflés d’honneur... Oui, l’honneur d’une belle cuisine, l’honneur d’un merveilleux fricot de bistrot. En somme un p’tit bonheur culinaire sorti de derrière les fourneaux.Sitôt le pas de porte franchi, l’accueil détendu et souriant de l’estaminet révèle, céans, qu’on se sentira bien, très bien même. Inutile d’ajouter que les enfants-proprio sont Corses… là-bas le stress n’existe pas. Sagement, nous avancions près du grand comptoir en métal blanc pour accéder à notre table. Le carrelage d’époque, les luminaires-soucoupes industriels et le cadre réconfortant couleur taupe évoque, ici, l’atmosphère sincère d’un bistroquet, à l’image de ceux qui le gère. Nous étions placés près de la cuisine… évidemment, rien de comparable avec le "resto-porcherie" Chez Paul dont j’ai relaté les méfaits dernièrement (voir art.). Non, ici, ça sentait bon le plat mijoté… ça sentait bon l’honnêteté.Le Château Lascaux/Carra (Pic Saint Loup 2011), servi à température, nous enveloppait doucettement quand les hors-d’œuvre commandés ne tardèrent à arriver : Œuf cocotte à la crème de gorgonzola avec lardons pour Lise et Baptiste, et ravioles de chanterelles accompagnées d’une crème de cèpes pour Ager et moi. Dans l’assiette, tout ce beau monde enchantait plaisamment nos narines. Et le goût… le goût mes enfants : présentement, la farce des ravioles était fidèle aux saveurs de la forêt, avec ce "bouquet" de champignons inimitable qui tardait en bouche et l’œuf cocotte honorait dignement son poulailler… franchement bon. A noter que le pain, nous a été servi avec l’entrée… non avec le vin. Une bonne chose.Deux, trois lichées de Lascauxplus tard, nos plats approchèrent. Les risotto à la trufferade / tuile parmesan d’Ager et Baptiste était d’une justesse gustative saisissante, le carré d’agneau en croûte d’agrumes/endives braisées de Lise : une p’tite merveille de saveurs… mon entrecôte de bœuf bavière fondante, franche et honnête se disputait la première place avec de VRAIES frites maison… Mademoiselle "Mayo" préparée avec tout le soin qu’une telle sauce suppose jouait les séductrices dans son pot.Devant tant d’intégrités culinaires, quitter la table sans prendre un dessert fut "péché" : hors carte, on me proposa un Fiadone*au charme fou, tant par sa texture que par son parfum, sa légèreté. La poêlée de fruits du moment aux mendiants flambés - goûteuse à souhait - de Baptiste éclatait en bouche. Un vrai petit chef-d’œuvre sucré.Décliné entre terroir et modernité la cuisine de Numa et Elsa de la Foata coexiste parfaitement avec son temps. Oui, le Bozart Bistrot est une vraie bonne adresse où l’on peut s’asseoir les yeux fermés. Je vous le recommande vivement.Fabrice Gil
* Fiadone: flan doux, frais et humide composé de Brocciu (fromage Corse) et de citron.Bozart Bistrot9, rue Jean-Pierre Timbaud75011 Parist/+33 1 43 57 69 83www.bozartbistrot.com