Qu'est-ce que la condition humaine?

Publié le 16 mars 2013 par Christophefaurie
Curieusement, qui eut crû que je puisse avoir quoi que ce soit en commun avec un philosophe ?, je me demande si je ne me rapproche pas d’Hannah Arendt. En moins élitiste ?
Premier accord possible. La condition de l’homme, c’est-à-dire ce qui fait de l’homme un homme. Pour elle c’est la politique, au sens grec du terme. C'est-à-dire le processus créatif, entre égaux, qui conduisait la cité à édifier l'avenir. Il me semble aussi que le propre de l’homme est d’avoir des « copains », et de perdre du temps avec eux. Il doit pouvoir penser, c’est-à-dire ne pas être prisonnier de son héritage social, afin d'être capable de le critiquer, et de construire celui de ses enfants. Qu'est-ce qui est plus stimulant que vouloir changer le monde ?
Partagerais-je aussi son jugement sur la société moderne ? Hannah Arendt disait, définition grecque, que l’économie était la gestion de la maisonnée. Son objet était donc d’assurer les besoins primaires de l’individu. Par conséquent, la domination du monde par l’économie signifiait celle de l’homme par ses impératifs physiologiques. Je constate, effectivement, que les emplois se divisent de plus en plus en deux groupes. Celui de « privilégiés » qui vivent nuit et jour en troupeaux de courtisans ; et celui des perdants qui ont du mal à joindre les deux bouts. Le point commun de ces deux conditions est qu’elles ne permettent pas la pensée. Au fond, ce que dit The Economist n’est que cela : soit vous appartenez à l’élite des affaires, en perpétuels vaine réunion et voyage d’affaire, soit vous êtes un loser et vous devez produire sans trêve pour assurer votre rédemption. Les Diogène, à la fausse commune.
Mais tout n’est pas perdu. Hannah Arendt dit encore que devenir un homme résulte d’une sorte de métamorphose. L’on doit sortir de l’esclavage de ses besoins organiques. Peut-être est-ce le sens du combat en cours ? L’humanité lutte contre l’économie qui cherche à flinguer son intellect ? Ce faisant, elle devient humanité ? Elle se « réalise », selon l’expression de Maslow ? Processus douloureux, mais naturel ? Et si c’était lui la condition nécessaire et suffisante de l’humanité ?