GENESIS – A trick of the tail
En outre, « A trick of the tail » renferme des joyaux bien plus préservés car peu restitués en live ou ayant fait l’objet de pales inspirations qui les ont d’autant plus valorisés. Je pense à « Entangled » tout d’abord, une collaboration fructueuse entre Steve Hackett (guitares) pour les couplets et Tony Banks (claviers) pour ce final inouï entré pour toujours dans les sphères inaccessibles au commun des compositeurs, voire des interprètes d’une manière purement spirituelle. Je pense ensuite à « Mad Man Moon » qui s’avère incontestablement un fer de lance d’une nouvelle ère Tony Banks, d’une affirmation de son génie créatif, dont les soubresauts et l’esprit résonnent encore dans ses albums solo récents. « Mad Man Moon » a introduit un son et un style Tony Banks, ode aux empilages symphoniques piano-synthés, oeuvre démontrant un certain lyrisme dans la musique comme dans les textes, à la fois poétiques et philosophiques. Mais bien au delà de l’intervalle de « Mad Man Moon », Tony Banks, auteur ou co-auteur de tous les titres de l’album, s’est accaparé de Genesis, sans doute à bout de bras, alors que son ami Peter Gabriel venait de délaisser le groupe et son micro, alors que Phil Collins s’essayait au chant pour la première fois sur tous les titres. De ses emphases aussi fabuleuses qu’ensorcelantes, Tony Banks revitalisait Genesis, annoncé comme orphelin de son Ange Gabriel, ou moribond, en le ramenant vers les comptines victoriennes, les créatures fantastiques, le « Squonk » et autres diablotins, une féerie toute britannique, sorte de retour aux sources. En ce sens, « A trick of the tail » était davantage le successeur de « Selling England by the Pound » que de « The lamb lies down on Broadway », mais surtout, une preuve déterminante, une pierre angulaire, ou plutôt un diamant, du génie créatif de Genesis, de Tony Banks, ni plus, ni moins.