Le tout petit père des peuples et ses affidés multiplient les allusions aussi finaudes que l’humour auvergnat pour annoncer le retour à la vie politique de Sarkozy. Merde alors! Ça ne suffisait pas que le printemps traîne des pieds, qu’Indochine sorte un nouvel album et que la Ministre de l’Environnement autorise les ploucs à tuer des loups, voilà qu’il revient. Chienne de vie, tu ne m’auras donc rien épargné! L’ancien Président reconverti dans la glandouille ostentatoire après avoir multiplié les saillies sur les « assistés » s’inquiète pour la traçabilité des enfants et se paie un périple en Libye, sans doute à la recherche du trésor caché de Kadhafi, pendant que les membres de l’UMP qui lui sont restés fidèles (avec toutes les pincettes que nécessite l’usage de ce terme quand on parle de la droite, PS inclus) s’échinent à dire que le gouvernement est encore plus nul que deux moins deux, à part Manuel Valls qui est aussi socialiste que je suis buveur d’eau.
Comme d’habitude, et comme le soulignais justement le camarade Johnny Alasti, la politique nous emmerde. Et on serait bien inspiré de lui rendre la pareille, en refusant de donner dans le catéchisme gnangnan des intégristes du civisme qui veut que l’on respecte la noblesse de la fonction, et patati et patata et quand je pète ça fait des paillettes. Si des citoyens bien inspirés ont décidé un jour de raccourcir du chef un consanguin qui se targuait de détenir sa couronne d’un hypothétique Dieu qui aimait la France comme sa fille (quand on sait comme les religions aiment les femmes), et si d’autres ont eu la riche idée de carrément se passer de gouvernement, ce n’était sans doute pas pour se traîner un seigneur laïc élu avec à peine un quart de la population, qui le plus souvent pose le cul dudit seigneur sur le trône plus par détestation du concurrent ou par frousse du changement que par franche adhésion à ses idées. D’ailleurs, si quelqu’un a trouvé des idées dans les programmes des candidats au dernier scrutin et si en plus il les a trouvé frappées au coin du bon sens, c’est à vous désespérer de l’esprit humain.
Certains ont déjà pris les devants. C’est ainsi que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a jugé que renvoyer à Sarkozy sa phrase la plus célèbre, le fameux « casse-toi pauv’con », relevait de la liberté d’expression. Dans ta gueule le mythe français de l’outrage à dépositaire de l’autorité publique. Chères amies, chers amis, grâce à l’Europe, il est désormais légal de dire que Sarkozy est un pauvre con, comme il était déjà permis par la jurisprudence de qualifier la famille Le Pen de fasciste. (ça fait deux fois que l’Europe se signale de façon positive en une semaine, avec la fin de l’embargo sur les clopes). Français, encore un effort pour être irrévérencieux! Affutez vos plus beaux jurons, et bientôt on pourra répliquer au policier trop familier sans se faire casser la gueule, on pourra dresser fièrement son majeur à la face du candidat déversant ses bobards usés jusqu’à la corde dans un meeting de campagne, on pourra dire à son patron de se caler ses heures supplémentaires là où ça lui fait le plus de bien, et on pourra faire comprendre à tous ces tristes baltringues qu’ils occupent leur position uniquement parce qu’on la leur a donné. Président de la République, tu n’es ni plus ni moins citoyen français que moi, et aussi longtemps que tu laisseras Valls faire son Claude Guéant et Delphine Batho encourager le lupicide (il y a d’autres sujets de mécontentement, mais je ne vais pas y passer la nuit), je t’emmerde, je te conchie, et je continuerai à vider des jarres au lieu de remplir des urnes.
Bon je m’emballe un peu. Si les politiciens sont aussi créatifs en insultes qu’en idées novatrices, les débats seront toujours aussi chiants et sans saveur. Tant que les experts autoproclamés seront autorisés à prendre les gens pour des cons en assénant leurs dogmes incontestables, le vocable un peu cru n’aura d’autre utilité que celle d’exutoire. Car il faut bien l’avouer, c’est eux qui ont commencé à nous prendre pour des cons. Et cette poufiasse arrogante de justice est de leur côté en plus.
Pa exemple, à Sannois, une mamie qui tricotait tranquillou devant un magasin pour arrondir sa retraite s’est vue condamnée à 800 euros avec sursis pour avoir répliqué au maire UMP du bled en question qui venait lui demander de respecter l’arrêté anti-mendicité (sans lequel il n’y a pas de bonne tenue du débat public) un retentissant « je t’emmerde, salaud ». C’est vrai qu’elle l’emmerdait, puisque que comme la plupart des maires, Yanick Paternotte préfère planquer la misère sous le tapis pour donner une bonne image de son patelin. Et c’est vrai que c’est un salaud, pour les mêmes raisons. On peine donc à comprendre pourquoi le bon édile s’est senti insulté, et encore moins pourquoi la justice l’a suivi.
Autre exemple plus médiatique, Christophe Alévêque s’est fait condamner à 5000 balles de dommages et intérêts plus 5000 balles de frais de justice pour avoir dit ce que tout le monde savait déjà, à savoir que Zidane était « un panneau publicitaire à trois neurones », « une pute » (alors qu’il n’a couché ni avec Evra ni avec Ribéry), et qu’il était con comme une bite. Évidemment, on n’attend pas d’un footeux qu’il nous dise si oui ou non c’est bien le boson de Higgs que le CERN a découvert, ou bien de commenter l’apport de la dialectique hégélienne à la prose du journal l’Équipe. Et à sa décharge, Zizou a progressé en convoquant Super Rebelle devant un juge: à une époque pas si lointaine, c’eut été un coup de boule sans sommation pour tout jugement. Mais le mec n’est pas devenu cette icône plus lisse que le crâne de son collègue Barthez, un compte en banque dans chaque paradis fiscal, juste en tapant dans un ballon (en se dopant comme un âne qui se prend pour un cheval de course, en plus). Quoique l’exercice de son sport lui ait procuré des revenus faramineux au regard de l’intérêt de son métier pour le bien public, c’est bien en vendant son image à des produits aussi variés que des bagnoles, des assurances, et des marques de flotte qui doivent composer l’essentiel du contenu de sa boîte crânienne qu’il a pu se constituer cette collection de tirelires exonérées d’impôts.
Finalement, tous les cons qui se sentent insultés et qui refusent malheureusement de se casser veulent bien profiter du fait que nous autres pékins moyens soyons souvent aussi très cons (sinon on ne persisterait pas à croire leurs fadaises), mais quand on leur tend un miroir, ils refusent de se regarder dedans, habitués qu’ils sont à se faire lécher dans tous les sens par les médias spécialisés dans chaque discipline de la brosse à reluire.
En résumé, Président, Pape, maire, policier, militaire, flic, patron, chasseur, automobiliste qui braille parce que je traverse la route trop lentement juste pour te faire chier dans ton cercueil à roulettes, quand je vous adresse une pique, ce n’est pas que je vous déteste (un peu quand même, c’est pas parce que les cathos ont un nouvel épouvantail qu’on va donner dans la charité chrétienne). Au bout du compte, j’essaie juste de vous aider à rester proche de ce « peuple » que vous aimez tant.
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