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Autechre – Exai [2013]

Publié le 15 mars 2013 par Feuavolonte @Feuavolonte

Exai 150x150 Autechre   Exai [2013]Autechre
Exai

 Warp
Grande-Bretagne
Note : 7.5/10

Autechre est sans contredit un pilier en ce qui concerne la musique électronique à caractère expérimental. Avec les récents albums Quaristice (2008) et Oversteps (2010), le duo britannique s’éloigna du son IDM (Intelligent Dance Music) auquel on l’associait auparavant et développa un son plus glitch, toujours généré à partir du logiciel Max/MSP, l’arme de prédilection Autechre. Le duo semblait toutefois laisser de côté la mélodie et les répétitions, optant plutôt pour un tas de débris électroniques. Exai est différent. L’album est en quelque sorte un retour à Gantz Graf, EP paru en 2002, voire même plus loin dans le passé.

Exai offre beaucoup de bons moments (je dis moments, puisque Autechre ne semble pas produire des chansons, mais bien des tableaux sonores). Pour certains de ces «tableaux sonores», il vous faudra attendre la troisième voir quatrième écoute pour bien apprécier. Si par contre, vous optez pour une écoute traditionnelle, soit du premier au dernier morceau, Exai saura vous enchanter progressivement. La production d’Exai étant très travaillée, vous devrez vous munir de votre meilleure artillerie sonore. L’absence de certaines fréquences pourrait nuire à la musique.

Fleure introduit bien l’album. Après plus ou moins une minute de chaos, la pièce se développe tranquillement avec l’apparition de quelques pulsations mélodiques. Éventuellement, le ton change et on semble assister à la lente destruction du morceau lui-même. Une grande partie du contenu sur Exai semble suivre cette règle. La seconde pièce, irlite (get 0), se démarque aussi. C’est une des trois pistes de plus de dix minutes sur Exai (les trois meilleurs morceaux). Ici encore, la mélodie se développe à partir d’un cycle rythmique instable qui disparaît éventuellement pour laisser place à une atmosphère postapocalyptique enivrante. Bladelores, seconde pièce de plus de dix minutes, est une autre performance notoire. La progression de Bladelores est, en un sens, plus traditionnelle. L’atmosphère est encore une fois bien travaillée, mais toutefois moins sombre. Cloudline, qui mérite également d’être souligné, ressemble à un mélange de hip-hop instrumental et de musique de jeux vidéo 16-bit javellisé. YJY UX est un autre bon morceau, mais ne termine pas nécessairement l’album en beauté. C’est plutôt recks on qui retient l’attention. recks on fait un usage de vrais samples. Après plus de deux heures de sons artificiels, même une simple caisse claire a l’effet d’une surprise.

Exai contient plus de deux heures et trente minutes de matériel. La grande majorité du contenu est intéressant et mérite d’être écouté, mais l’album aurait pu être mieux organisé et se limiter à une dizaine de morceaux. Autechre enregistra également deux performances radio de dix heures pour accompagner la sortie de Exai. Pendant que bien des producteurs de musique électronique se répètent, publient quelques simples par année seulement et offrent des petits mixtapes ici et là, le duo Autechre se démarque particulièrement.

En conclusion, avec Exai, Autechre fait deux pas en avant et un pas en arrière, et rétabli un certain équilibre dans leur musique. La progression mélodique sombre des premiers albums est de retour, mais chaque piste est également parsemée d’éléments glitch qui prennent parfois un peu trop le dessus. Malgré l’excellence sonore atteinte par Autechre, l’absence de thèmes mélodiques frappants fait en sorte que l’album ne nous touche pas comme le tout premier album Incunabula (1993) savait et sait encore le faire.


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