Cette pièce avait été créée pour la première fois en 1994 avec Pierre Vaneck dans le rôle de Marc, Fabrice Luchini dans le rôle de Serge et Pierre Arditi dans le rôle d’Yvan.
La pièce avait eu un succès extraordinaire, ce qui était dû, à mon avis, au fait que c’était la première fois que, sur la scène d’un grand théâtre parisien, on disait que l’art contemporain était de la merde et qu’on ne pouvait l’apprécier que par snobisme : une idée extrêmement répandue dans la population, mais que les écrivains sérieux et réputés n’étaient pas supposer reprendre dans leur oeuvre.
Mais, à côté de cet aspect un peu démagogique de cette pièce, j’ai trouvé que c’était au contraire une pièce assez fine sur les rapports humains.
Ce grand tableau blanc est en fait le révélateur des traits de caractère de chacun. Chaque personnage, en exprimant son avis sur le tableau, dévoile le fond de sa personnalité : Serge est un homme sensible et raffiné, Marc est un individualiste qui n’a pas peur d’avoir des opinions tranchées et à contre-courant, et Yvan est un « sans opinion » qui est prêt à donner raison à tout le monde pour éviter les tensions.
J’ai plutôt apprécié le côté humoristique de cette pièce, qui doit beaucoup au personnage d’Yvan, mais j’ai trouvé que le propos sur l’art était un peu faible et que, finalement, il n’en sortait pas de grande idée. Ceci dit, les personnages sont bien campés, les relations entre eux sont intéressantes, et il y a un rythme bien vif dans les dialogues, ce qui rend la lecture très agréable.