Le drame de l'addiction commence de façon anodine. Le salarié veut se prouver qu'il est à la hauteur de sa tâche, qu'il ressemble au portait qu'il avait dressé de lui-même dans sa lettre de motivation : performant, endurant, faisant preuve d'initiative. On le gratifie pour cela, ce qui le pousse à en faire plus. Les résultats qu'il obtient lui procurent un "high" qui le grise.
Bientôt, les premiers symptômes physiques se font sentir : hypertonie, tinnitus [acouphènes], maux d'estomac. Mais son médecin les traite comme autant d'accidents n'ayant rien à voir avec son mode de vie. Alors il continue, il en rajoute même, pour se prouver qu'il ne baisse pas les bras, qu'il est irremplaçable à son poste, qu'il peut encore monter un échelon. C'est que de la ressource humaine plus fraîche est là, qui guette sa moindre défaillance pour le pousser vers la porte de sortie.
Maintenant, il se dope : psychostimulants le matin, sédatifs le soir. Du côté de sa vie privée, c'est le désastre total. Il ne reste plus que la boîte à laquelle il puisse s'accrocher, avec une agressivité redoublée. Au bout du parcours, ce peut être l'infarctus, ou le suicide.
Guillaume Paoli, in Eloge de la démotivation
Actuellement, pour moi, l'enfer c'est une collègue. Non parce qu'elle est une entrave à ma réussite - cette idée me fait sourire - mais parce que cette boule de stress rend toute concentration dans un périmètre de cinq mètres douze aussi difficile que l'ascencion de l'Everest pour un unijambiste (non je ne suis pas unijambiste et je n'ai jamais essayé de... mais j'ai un peu d'imagination, voyez-vous).
Oh, je ne suis pas le seul à m'en plaindre ! Mais si mes codétenus peuvent se relâcher une fois sortis des bureaux, et notamment le soir dans le calme et le silence de leur nid douillet, je ne dispose pas pour pour ma part de ce (ré)confort.
Ce qui rend le tout plus insupportable encore.
(ma collègue, c'est un peu Tweek de South Park - "AAAHHH LA PRESSION EST TROP FORTE" - mais en pire)