PAR BERNARD VASSOR
Jeanne Duval par Edouard Manet. Le jeune poète et sa noire Sapho, ce titre est tiré d'un article signé
Daruty de Grandpré dans la revue
"La Plume", sans donner de justification des penchants saphiques de Jeanne Duval. Nous avons vu cependant dans l'article précédent Charles Baudelaire vouloir donner comme titre général de son recueil de poèmes en 1846 : "
Les Lesbiennes". D'après un témoignage
d'Ernest Prarond, ami du poète, Baudelaire aurait rencontré Jeanne Duval en 1842 ou 1843, figurante dans un petit théâtre de boulevard : "
mulâtresse pas très noire, pas très belle, cheveux noirs peu crêpus, poitrine assez plate, de taille assez grande, marchant mal". La description de
Banville est totalement opposée : "
fille de couleur, d'une très haute taille, portant bien sa brune tête ingénue et superbe, couronnée d'une chevelure violemment crêpelée et dont la démarche de reine, pleine d'une grâce farouche, avait à la fois quelque chose de divin et de bestial". Le directeur du journal
"La Plume" donne lui , une autre version de la rencontre de Baudelaire et de Jeanne. C'est dans le faubourg Montmartre que, passant un soir, en compagnie de
Léon Cladel, Baudelaire aperçut Jeanne Duval que des ivrognes tourmentaient. D'instinct, Baudelaire s'interposa, puis, offrant galament le bras à la mulâtresse, il la reconduisit chez elle, abandonnant Cladel en pleine rue. Cette version est peu vraisemblable, Cladel est né en 1834, il aurait donc eu huit ou neuf ans !!!!