Appelez moi François, juste François

Publié le 14 mars 2013 par Sampieru
Il s’appelle Juste Leblanc. Leblanc, c’est son nom, et Juste son prénom. Hé, vous, là-bas ! Où allez-vous donc ? Ce n’est pas parce qu'on était mercredi soir que cet homme en blanc est apparu au balcon au-dessus de la place Saint Pierre, à Rome. Et je n'ai pas entendu parler d'un dîner. En plus, son prénom ce n’est pas « Juste », c’est François. Pas « un », pas « premier »… Juste François. Les cathos ont un pape, ça… c’est fait.
Qu’elle était curieuse l’ambiance mercredi soir. Les rédactions du monde entier avaient les yeux rivés sur une cheminée. Comme les enfants espérant voir le Père Noël, chacun semblait penser qu’un merveilleux cadeau allait être déposé à ses pieds : un pape noir, un pape jeune, un pape italien, un pape favorable au mariage des prêtres, un pape gay friendly… Au lieu de tout cela, déjouant les pronostics les plus fins, est arrivé timide un grand type avec des lunettes, un peu âgé, sans doute trop.
Mais le voilà. Les cloches sonnent, la foule en liesse entonne des cantiques. Et les rédactions espèrent à nouveau. Que va-t-il dire ? Quelle phrase choc va bientôt résonner entre les piliers qui fera la Une demain sur cinq colonnes ? Rien ne vient. Un sourire, timide, et pas un mot sinon pour réclamer qu’on prie. Avec lui. Pour lui. Et là, soudain, le souverain s’incline. Le pontife joue-t-il déjà pleinement son rôle : il s’efface pour que tous voient quel chemin il ouvre aux hommes ?
Un pèlerin a renoncé. Un serviteur l’a remplacé. Et dans le brouhaha de ceux qui le voulaient Pie-Paul, il propose un silence assourdissant. Un silence qui fait se taire l’écho du monde. Même la voix off des journalistes s'arrête. Cette soirée n’avait ainsi rien du matin du 25 décembre que le commerce nous donne à subir chaque année. Mais j’aime à penser qu’elle avait tout du premier matin de Noël.
Et si le nouveau-né cette-fois s’appelait ‘humanité’ ?