Il me semble parfois que certains écrits des journalistes sont de la science-fiction sociétale, où l’on décrit une société progressiste, en rupture, qu’il faut inscrire dans les institutions, mais une fois passée cette lecture, le malaise subsiste, car on se rend compte que personne ne pourrait y vivre, que c’est un modèle hors de toute vraie vie.
Avez-vous remarqué combien parfois, pour une simple querelle de préséance dans une queue dans un magasin, le ton monte rapidement entre un subsaharien et un africain du nord ? Nous ne comprenons pas toujours cet emportement, mais comme la madeleine de Proust, des siècles de traite saharienne viennent de ressurgir, avec leurs rapports violents, à l’occasion d’un fait anodin. On pense par principes, mais on vit dans les détails, et ce sont ces détails qui montrent le plus de choses, comme une impressionnante mise en abyme.