Comparaison de deux milieux aqueux sur Mars – A gauche, une roche qui fut en contact avec une eau acide et très salée étudiée par le rover Opportunity ; à droite une roche récemment observée par Curiosity
Le site foré par le rover Curiosity fut autrefois habitable. Une vie microbienne aurait pu y trouver les ingredients nécessaires.
Déposé sur Mars le 6 août 2012, à l’intérieur du cratère Gale (150 km de diamètre), le rover Curiosity est chargé d’enquêter sur l’habitabilité de la planète rouge au moyen de ses instruments scientifiques. La région explorée a été identifiée par les sondes spatiales en orbite comme particulièrement riches en argiles, formées par la présence d’eau liquide. Un site vraisemblablement humide par intermittence. La découverte en septembre 2012 de ce qui ressemble à s’y mettre à un lit de rivière asséché tel qu’on en connait sur Terre où affleurent pléthore de galets dans les couches de sédiments — galets arrondis par les eaux qui les ont charriées durant au moins plusieurs milliers d’années — a bien sûr confirmé la présence de l’eau et même d’un réseau de canaux et ruisseaux.
Actuellement en séjour sur le site de “Yellowknife Bay”, Curiosity a réalisé le 8 février 2013 son premier forage dans une roche au sol nommée “John Klein”. Bénéficiant de deux magnifiques instruments d’analyse pour la chimie des minéraux, SAM (Sample Analysis at Mars) et CheMin (Chemistry and Mineralogy), les résultats rendus public par la NASA ce mardi 18 mars 2013 montrent que le milieu où l’échantillon fut prélevé n’était pas hostile à la vie …
A la question centrale et “fondamentale” : Mars fut-elle, un jour, habitable ? … « D’après ce que nous savons maintenant, la réponse est oui » se réjouit Michael Meyer, l’un des principaux chercheurs de la mission Curiosity à la NASA. Le lieu prospecté était situé soit à l’embouchure d’un réseau de rivières, soit était le fond d’un lac rempli par intermittence. Les conditions semblaient favorables, fournissant les ingrédients chimiques et l’énergie nécessaires à l’établissement d’une vie microbienne. “La gamme d’ingrédients chimiques que nous avons identifiés dans l’échantillon est impressionnante, il suggère des couples comme les sulfates et les sulfures lesquels indiquent une potentielle source chimique d’énergie pour les micro-organismes” raconte Paul Mahaffy (principal chercheur pour l’instrument SAM au Goddard Space Flight Center de la NASA). A la différence d’autres régions martiennes, l’environnement fut vraisemblablement peu acide et oxydant, ses eaux n’étaient pas excessivement salées.
La roche forée par la perceuse de Curiosity, composée au minimum de 20 % de minéraux argileux, trahit une succession de périodes humides. Ils ont pu se former par le contact d’eau fraîche avec des roches ignées comme l’olivine présente dans les sédiments.
Bien que momentanément gêné par une panne informatique, Curiosity est appelé à rester encore plusieurs semaines dans cette région prometteuse avant de se diriger vers le Mont Sharp, au centre de l’immense cratère. “En tant qu’équipe, nous sentons qu’il y a davantage encore de découvertes qui nous attendent dans les mois et années à venir” déclarait John Grotzinger, chercheur de la mission Mars Science Laboratory (MSL).
Crédit photo : NASA/JPL-Caltech/Cornell/MSSS.